WEST 11 (VERSION RESTAURÉE)

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West 11 c’est le code postal de Notting Hill, quartier pauvre de Londres mais déjà en mutation au début des années 1960. Joe Beckett y loue une chambre meublée dont il partage de temps à autre le lit avec la très libre Isla.

Beau jeune homme élégant, Joe peine à trouver un sens à sa vie, et encore plus le jour où sur un coup de sang, il tient tête à son patron et est licencié de la boutique de costumes où il travaille. S’en suit pour lui une longue errance à travers les rues mal famées de Notting Hill, les boîtes de jazz enfumées, les fêtes où se presse la jeunesse interlope londonienne…

Dans cette quête infinie, Joe Beckett finit par tomber sur un certain Richard Dyce, un drôle type élégant et sans morale. Il lui propose un marché  qui le sortira de sa torpeur et de sa pauvreté : tuer sa tante richissime dans la vaste demeure qu’elle habite dans le Hampshire. Et Dyce n’a évidemment rien laissé au hasard. Beckett cédera-t-il à la tentation ?

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE CRIME ÉTAIT PRESQUE PARFAIT (Un meurtre commandité tourne mal) ou encore L'ÉTRANGLEUR DE LA PLACE RILLINGTON (Un polar dans les bas-fonds de Londres où un homme est aussi accusé à tort).

West 11 est le huitième long métrage du réalisateur anglais Michael Winner, le premier à révéler son talent. Brillant étudiant en droit et économie, il s’est très jeune enthousiasmé pour le cinéma en devenant journaliste, puis assistant de réalisation à la BBC avant de signer quelques courts et une comédie musicale, Play it cool, qui le propulse comme judicieux observateur d’une jeunesse britannique alors en pleine révolution, musicale notamment. West 11 n’est pas de cette trempe-là. Et son ambiance brumeuse, son filmage en noir et blanc, sa longue promenade mélancolique dans ce qui est encore des bas-fonds londoniens, ses séquences enfumées dans les bars et boîtes de jazz, le rapproche plutôt du Saint Germain des Près des années 1950 que du Swinging London qui s’annonce. 

Adapté d’une nouvelle de Laura Del Rivo, West 11 aurait dû revenir à Joseph Losey et le rôle féminin à Claudia Cardinale. Le producteur a changé d’avis au dernier moment et offert à Michael Winner l’occasion de faire ses preuves. Il ne lui donna pas en revanche les moyens de ses ambitions en lui refusant le casting trois étoiles que le jeune cinéaste avait choisi à savoir Sean Connery, Oliver Reed et Julie Christie. C’est donc à un trio inédit qu’il confie les rôles principaux : Alfred Lynch, Eric Portman et Kathleen Breck.

Aucun des trois n’est réellement passé à la postérité. Pourtant, leur jeu reste convaincant et l’élégance de leur tenue tout à fait remarquable. Et cela, bien qu’ils jouent des rôles de gens issus de la middle-class anglaise à la recherche non pas du bonheur mais plutôt d’une identité qui pourrait les satisfaire. Bien plus qu’une intrigue policière rondement menée, West 11 est un film mélancolique d’ambiance, celui d’une quête existentielle profonde qui tranche avec l’enjeu finalement accessoire qui la guide. Rien qui n’annonce Un Justicier dans la ville, le film phare de la carrière américaine à venir du réalisateur Michael Winner.