ULTIME VIOLENCE

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Les fans de cinéma italien et de « western spaghetti » en particulier connaissent les « Trois Sergio » : Leone, Corbucci et Sollima, mais le trio aurait pu devenir quatuor, en ajoutant Sergio Grieco (ou un quintet, avec Sergio Martino !), auteur prolifique d’une quarantaine de longs-métrages entre 1950 et 1977 dont il signe bien souvent le scénario. Ce Sergio a aussi traversé presque tous les genres populaires : le film de cape et d’épée (La revanche du Prince Noir ou Le masque noir), le film d’aventure, le péplum (L’esclave de Rome, ou le plus improbable Jules César contre les pirates). Il est aussi célèbre pour ses films très inspirés de James Bond, mettant en scène non pas l’agent 007, mais l’agent 077 (Opération Lotus bleu, Fureur sur le Bosphore…) !

Ultime violence (ou « Le fauve à la mitraillette », titre plus proche de l’original : « La belva col mitra ») est le dernier film de Sergio Grieco, et il appartient à un genre en vogue en Italie des années 1960 au début des années 1980, le poliziottesco, qui regroupe une série de films policiers mettant en scène les affrontements entre un méchant délinquant et un policier particulièrement héroïque. Le terme poliziottesco est en fait une forme d’argot, une déformation qui colore le mot « poliziesco » (policier). Même si le développement du poliziottesco est strictement italien, le genre doit beaucoup à la popularité de L’inspecteur Harry (Clint Eastwood, 1971).

L’une des caractéristiques du poliziottesco est l’emphase, la surenchère, dans la violence, dans l’action et dans la caractérisation des personnages. Presque exclusivement masculins, les personnages principaux des films sont très héroïques (mais parfois en dehors de la loi) ou très immoraux. Nanni Vitali, le méchant d’Ultime Violence, ne fait pas exception. Il est même sans doute l’un des pires vilains de l’histoire du cinéma. Sans aucune motivation identifiable : il ne défend pas de conviction politique, ne cherche pas particulièrement à avoir de l’argent ou à devenir le maître du monde, il est juste méchant… Cela se traduit par des meurtres particulièrement sadiques, notamment celui du « traître », jeté encore vivant dans un trou avec de la chaux vive. La femme du « traître » est violée sous ses yeux pendant qu’il est torturé. Vitali est donc un sadique, meurtrier, qui se sert du viol comme une arme de domination, transformant la pauvre Juliette (Marisa Mell) en esclave sexuel.

Pour interpréter ce délicieux personnage, Sergio Grieco fait un choix surprenant, celui de l’acteur autrichien Helmut Berger, muse et amant de Visconti, connu pour son rôle travesti en Marlène Dietrich dans Les damnés (Luchino Visconti, 1969), de gigolo dans Violence et passion (Visconti, 1974) et surtout pour son rôle-titre dans Ludwig, le crépuscule des dieux (Visconti, 1973), aux côtés de Romy Schneider. La mort de Visconti en 1976 le laisse dévasté et lorsqu’il incarne Nanni Vitali dans Ultime Violence, il est en roue libre (ce qui convient parfaitement au rôle), et donnera raison à son amant lorsqu’il le décrivait comme incarnant « mieux que quiconque la perversion ».