En 96, à 34 ans, Demi Moore est encore mariée avec Bruce Willis, et elle continue de surfer sur la vague chaude qu’elle a elle-même déclenché avec deux films grand public à forte connotation sexuelle où elle n’hésite pas à jouer de son corps: Proposition indécente (Adrian Lyne, 93), où Robert Redford lui offre de coucher avec un autre homme que son mari pour 1 million de dollars, et Harcèlement (Barry Levinson, 94) où elle inverse la notion de harcèlement sexuel avec enthousiasme, et un Michael Douglas il est vrai particulièrement peu farouche. Ce Striptease marque une forme d’apogée physique dans sa carrière.
Il n’en va pas de même pour Burt Reynolds qui à cette époque, a abandonné depuis longtemps les rôles de jeunes premiers. D’abord parce qu’il a 60 ans en 96 et que sa carrière de musclé au coeur tendre dans des comédies d’action comme Cours après moi Shérif, qui en fit l’acteur le mieux payé d’Hollywood dans les années 70, est depuis longtemps révolue. La fin des années 80 a été dure et on l’a cru perdu pour le cinéma, réfugié à la télé dans des séries nostalgico-gaga. Ce Striptease marque son retour sur le grand écran, les cheveux résolument blancs et du côté ouvertement comique de la force. Il enchainera désormais avec enthousiasme les seconds rôles, voire les caméos, à tendance auto-dérisoire, comme dans Boogie Nights de Paul Thomas Anderson, l’année suivante, ou dans le remake de Sherif fais-moi peur en 2005. Si vous vous demandez où vous avez déjà vu Armand Assante, sorte de sosie de Francis Lalanne sans les cheveux, c’est plus souvent en brute plus ou moins épaisse qu’en détective attentionné comme ici. Le plus souvent à la télé mais aussi dans Hoffa, Contre-Enquête ou encore dans Fatal Instinct, le pastiche de Basic Instinct en 93 par Carl Reiner. Et bien sûr aux côtés de Silvester Stallone dans La Taverne de l’enfer, The Lords of Flatbush et Judge Dredd.
Dans le rôle du body guard, Ving Rhames est bien sûr très convaincant. C’est deux ans plus tôt, dans Pulp Fiction, que Tarantino lui a donné l’occasion de révéler sa puissance physique. On l’a retrouvé depuis dans Mission Impossible ou l’intéressant A tombeau ouvert de Martin Scorsese avec Nicholas Cage en conducteur d’ambulance halluciné. Ici mari désolant, Robert Patrick fut l’imputrescible ennemi de Schwarzenegger dans Terminator 2. Quant à Paul Guilfoyle, outre la série Les Experts, on l’a vu dans LA Confidential, Air Force One, La Rançon ou Hoffa.
Reste le réal, Andrew Bergman, qui débuta comme coscénariste du Sherif est en prison de Mel Brooks en 74 et signa depuis une demi-douzaine de comédies qu’on ne peut pas toutes qualifier de légères.