LES AFFRANCHIS

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Même si c’est avec Coppola qu’il fut Parrain, De Niro dans une belle et grande histoire de gangsters-nés, pilotée par Martin Scorsese, ça ne peut que sentir bon la pasta en sauce.

D’autant que Scorsese n’a pas son pareil pour se faufiler, avec ses acteurs et sa caméra, dans un restaurant ou un cabaret, surtout s’il est tenu par la mafia. Ici, il nous gratifie même d’un plan-séquence d’anthologie, une entrée par les cuisines qui donne une réalité imbattable à cette ambiance électrique. Une fois installé, rien d’autre à faire que de se régaler. Ou d’attendre le prochain règlement de comptes. Le plus souvent, c’est Joe Pesci qui pète les plombs. ça lui vaudra même un Oscar en 91. A l’époque, il sort tout juste de L’Arme Fatale 2, où il a largement volé la vedette à Mel Gibson et Danny Glover. Autant dire qu’il est chaud. Et entre De Niro et Ray Liotta, il le reste.

Les Affranchis raconte l’ascension sociale d’un petit New Yorkais entré très tôt dans la mafia. Le film est tiré d’une histoire vraie, dont il vaut mieux qu’on parle après le film, et fut régulièrement classé dans les palmarès des 100 meilleurs films de l’histoire ; ou encore parmi les 10 meilleurs films de gangsters. Et puisque nous sommes dans les comptes, il y a ici 2 acteurs qu’on retrouvera 10 ans plus tard dans la série Les Sopranos...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MEAN STREETS ou encore CASINO .

Tiré d’un livre-enquête de Nicholas Pileggi, le film raconte donc l’histoire vraie, quoique difficilement vérifiable, de Henry Hill qui gravit pendant 20 ans les échelons de la mafia avant de témoigner contre ses anciens collègues et de se placer dans le cadre du programme de protection des témoins. Un programme dont il fut débarqué quand il décida de profiter ouvertement du succès du film.

Et ce rôle est sans doute le meilleur de la carrière de Ray Liotta, qu’on avait découvert en 86, dans le Dangereuse sous tous rapports de Jonathan Demme, en ex-mari violent de Melanie Griffith. Depuis, il est malheureusement resté cantonné à des rôles de psychopathes. Pas même un rôle dans les Sopranos, à la différence de sa femme dans le film, Lorraine Bracco, qui aura le privilège de psychanalyser Tony dans la série. Ou encore de Michael Imperioli, bien remis de sa balle dans le pied. Mais bien sûr, la plus belle des histoires, c’est celle de Scorsese, De Niro et Joe Pesci, tous d’ascendance italienne. Martin Marcantonio Luciano Scorsese est né à New York en novembre 42 ; Robert Mario De Niro Jr en août 43 et ils ont grandi à quelques blocs de distance sans se croiser. Entre-temps, en février 43, juste de l’autre côté du fleuve, naissait Joseph Pesce. Martin et Robert se sont finalement rencontrés en 73, pour le tournage de Mean Streets, le premier des 8 films qu’ils ont tournés ensemble entre 73 et 95. Et c’est Robert qui a recommandé Joe Pesci pour interpréter son frère, Joey LaMotta, dans Raging Bull, en 80. C’est avec Raging Bull également, que Scorsese a démarré sa collaboration avec celle qui allait désormais monter tous ses films et y gagner 3 Oscars : Thelma Schoonmaker.

Scorsese derrière la caméra, De Niro devant, Nicholas Pileggi au scénario tiré d’une histoire vraie, Joe Pesci en faire-valoir incontrôlable, Thelma Schoonmaker au banc de montage, ce pourrait être aussi le générique de Casino, sorti 5 ans plus tard. Ca tombe bien, ça l’est. Signalons d’ailleurs que Scorsese ne raconte pas seulement la vie de personnages mafieux : à son palmarès biographique, on compte aussi Jésus dans La Dernière Tentation du Christ, le Dalaï Lama dans Kundun, Howard Hugues dans The Aviator et bien sûr Jake LaMotta dans Raging Bull.