SIERRA TORRIDE

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Pour la deuxième fois au cours d’une  collaboration qui s’est révélée fructueuse, Clint Eastwood retrouve le réalisateur Don Siegel dans ce western qui cherche ouvertement à poursuivre sur la lancée de la « trilogie de l’homme sans nom » qui a fait de l’acteur une star.  Il va même jusqu’à conserver certains accessoires comme la cartouchière utilisée dans les films de Sergio Leone. 

Cette fois, son personnage a un nom, Hogan, et il joue un mercenaire que le hasard va mettre sur le chemin d’une nonne, en route pour aider les insurgés Juaristes contre  les soldats français. Mais l’habit ne fait pas la nonne, et celle-ci va réserver plus d’une surprise  au cours de leur parcours  rempli d’embûches. 

Alors que le film avait à l’origine été révu pour  réunir Robert Mitchum et Deborah Kerr, l’association d’Eastwood avec Shirley McLaine fait des étincelles. L’un et l’autre s’entendent comme des larrons en foire dans leurs rôles respectifs, lui en dur à cuire toujours méfiant, elle qui dissimule un naturel déluré sous des airs de sainte nitouche. De son côté, Don Siegel s’acquitte comme un maître de l’alternance de scènes intimes et des séquences d’action explosives. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver EL CHUNCHO (Pour le contexte révolutionnaire au Mexique et l'association d'un gringo avec les partisans.) ou encore LA COLÈRE DE DIEU (Un braqueur de banque se fait passer pour un prêtre dans un pays qui ressemble au Mexique en pleine révolution.).

A l’origine, SIERRA TORRIDE a été écrit par Budd Boetticher qui comptait le réaliser lui-même. Il a été question à un moment de réunir Deborah Kerr et Robert Mitchum dans les rôles principaux. L’actrice devait jouer une aristocrate fuyant les révolutionnaires mexicains déguisée en nonne et trouvant refuge aux Etats-Unis auprès de Robert Mitchum. Le fait qu’elle n’était pas une nonne aurait ouvert à leurs personnages des perspectives que leur relation platonique leur interdisait dans DIEU SEUL LE SAIT (1957). Mais lorsque le script a été vendu, il a été récrit par Albert Maltz pour faire de Hogan un mercenaire et de Sara une prostituée favorable aux révolutionnaires. 

Shirley Maclaine raconte dans ses mémoires que le tournage, au Mexique, rallongeait considérablement le temps nécessaire pour envoyer les rushes au labo et les faire revenir. Et lorsqu’elle s’est rendu compte que ses faux cils étaient exagérément longs à son goût, il était malheureusement trop tard pour corriger le tir, sinon le reste du métrage n’aurait pas été raccord. Le titre original (TWO MULES FOR SISTER SARA) est une boutade : la seconde mule auquel il est fait allusion n’est pas l’âne que sœur Sara troque contre sa première mule boîteuse, mais bel et bien Hogan, auquel Sara déclare qu’il est aussi têtu que sa mule. Plus tard, elle l’appelle d’ailleurs « Monsieur Mule ». 

Don Siegel s’est plaint de son producteur Martin Rackin avec lequel il se disputait sans arrêt, notamment sur le budget. Rackin était tellement radin qu’il a insisté pour faire appel à des acteurs mexicains dans les rôles secondaires au lieu des acteurs américains réputés que Siegel aurait voulu engager. Parmi les ingrédients qui donnent de la saveur au film, la partition d’Ennio Morricone est particulièrement mémorable avec son mélange de flûte et d’un instrument non identifié qui imite le braiement d’un âne. Ce sera sa seule collaboration avec Don Siegel. Par ailleurs, Clint Eastwood chante l’air traditionnel « Sam Hall » sur la BO.

Vous êtes un homme bon. Toute ma vie je prierai la Vierge Marie pour qu'elle vous protège. Juste ciel, une bonne sœur. Je prierai aussi pour que le seigneur vous accorde tout ce que vous pourrez désirer. Mais qu'est-ce que vous venez foutre par ici ? Qu’il ...

Enchainer la trilogie du dollar avec ce film est loin d’en faciliter le visionnage : difficile de redescendre après les sommets atteints chez Leone. Don Siegel a toutefois sa patte, et les audaces du nouvel Hollywood irriguent ce film avec suffisamment d’impertinence pour ...

Certains critiques ont assimilé ce western à une sorte d'imitation de western italien parce que son sujet de révolution mexicaine a souvent été abordé à Cinecitta, parce que certaines scènes violentes et explosives s'apparentent au style "spaghetti", et surtout parce que ...