EUGÉNIE GRANDET

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A Saumur il n’y a pas que les cavaliers, il y a aussi la maison Grandet. Dans cette demeure austère vivent Felix et sa fille Eugènie. L’homme veille sur ses sous comme sur sa descendante, le destin de l’un étant lié à celui de l’autre. Mais évidemment, une jolie vierge finit toujours par tomber amoureuse… Et les ennuis commencent. 

Eugénie, à la rude école de la vie, est incarnée par Joséphine Japy, son harpagon de père a toute la fureur d’Olivier Gourmet et l’on citera, bien sûr, Valérie Bonneton dans le rôle de la mère ainsi que César Domboy dans celui du cousin amoureux.

C’est une histoire quelque peu incestueuse, d’amour fou et rance, détruit par la convention bourgeoise, sous l’ère morose du vieux roi Louis XVIII. Marc Dugain, écrivain autant que cinéaste, a réalisé ce film dont il a adapté le script du fameux roman d’Honoré de Balzac. Voici Eugénie Grandet (2021) l’histoire d’une femme qui en aura soupé des hommes.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE COLONEL CHABERT D'YVES ANGELO (1994) (Une autre version après celle de René le Hénaff avec Raimu (1943), qui vaut par la grandeur du casting (Depardieu, Ardant, Lucchini) et l'ampleur des moyens permettant notamment l'incroyable reconstitution de la charge de cavalerie d'Eylau où Chabert est grièvement blessé.) ou encore ILLUSIONS PERDUES DE XAVIER GIANNOLI (2021) (Magnifique adaptation dont la richesse des costumes et des décors a la modestie de s'effacer devant la rigueur de la peinture des moeurs et la grandeur des acteurs.).

L’année 2021 a vu le grand retour de Honoré de Balzac sur nos écrans. Outre cet « Eugénie Grandet », ce sont les flamboyantes « Illusions perdues » de Xavier Giannoli qu’on aura remarquées. Le grand écrivain fait partie des romanciers francophones les plus adapté au cinéma derrière Dumas, Verne, Hugo et Simenon. Rien que pour Eugénie Grandet, on compte une douzaine d’adaptations de par le monde entre cinéma et télévision. Les deux premières étaient muettes : celles d’Emile Chautard (1910) et de Rex Ingram (1921). 

Le livre est paru pour la première fois en 1834, il s’inscrit bien sûr dans la saga de « La comédie humaine ». Et c’est un homme venu au cinéma par la littérature qui s’est emparé de ce classique. On se souvient que Marc Dugain a écrit « La chambre des officiers » (1998) qui fut multi récompensé et a connu un beau succès, avant d’être brillamment porté à l’écran par François Dupeyron en 2001. Au cinéma, après 2010, Dugain réalise trois longs métrages auxquels s’ajoutent deux téléfilms. On citera notamment « L’échange des princesses » (2017) d’aprés le roman de Chantal Thomas. 

Spécialiste du film en costume, grand amateur de la petite histoire pour mieux raconter la grande, le cinéaste a clairement fait de son adaptation un film politique. Son but, qui, à vrai dire, recoupe des thématiques très contemporaines était d’exalter le destin d’une femme qui s’affranchit des hommes, dans une société terriblement patriarcale. En allant plus loin, Dugain a construit son récit sur l’idée que cette domination sur la femme, à l’ère pré-industrielle, a trouvé son prolongement naturel dans l’entreprise occidentale, jusqu’à nos jours. Balzac était un réaliste, non dénué d’un fort sens de la psychologie. Les amateurs décideront ou non pour savoir s’il a été trahi.

Le réalisateur-scénariste arrive magnifiquement à nous immerger dans cette demeure triste et austère, où les femmes sont des accessoires de beauté, ou même de simple présence sociale et de convenance ! On ressent avec douleur cette solitude toute féminine, ce quotidien ...

Révélé avec le moyen et théâtral « Une exécution ordinaire » et confirmé en grande pompe avec l’excellent film en costumes, « L’Échange des princesses », Marc Dugain nous revient de nouveau avec un film d’époque mais qui avance dans le temps en se déroulant ...

Quoi de neuf ? Balzac, encore et toujours. Depuis longtemps, le cinéma français en a fait l'un de ses "scénaristes" de prédilection, par exemple au temps de l'Occupation allemande, et voici qu'en l'espace d'un mois Eugénie Grandet et Illusions perdues se voient offrir de nouvelles ...