WOMAN AT WAR

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Dans les âpres paysages d’Islande, une gentille terroriste lutte contre une multinationale et son usine d’aluminium. Mais sa vie privée et familiale vont semer quelques grains de bauxite dans son combat.

Woman at war - femme en guerre - est un conte altermondialiste de Benedikt Erlingsson sorti en 2018. Sur le mode distancié de la comédie étrange, le film a fait l’événement à la Semaine de la critique à Cannes, en 2018, où il a obtenu le prix SACD du scénario.

La femme en guerre c’est aussi la prophétie souriante d’un artiste qui, de son île glacée et citoyenne, rappelle au monde que nous n’avons qu’une terre, même volcanique.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ERIN BROCKOVICH, SEULE CONTRE TOUS (Inspiré de faits réels, le combat solitaire d'une femme contre une puissante société responsable de maladies causées par des rejets toxiques. Fidèles aux idéaux de justice de la démocratie américaine le film valorise l'initiative individuelle, même dans la contestation. Un grand rôle pour Julia Roberts.) ou encore MILAGRO DE ROBERT REDFORD (1988) (Robert Redford avec ce thriller écologiste et champêtre met en scène la lutte d'un petit village contre des promoteurs immobiliers. Souriant et bourré d'une énergie pacifiste le film est à l'image de Redford: activiste mais bienveillant.).

Un objet filmé non identifié que ce film d’un réalisateur sorti de nulle part pour une oeuvre fantasque, écobobo et même néo-hippie. Il n’était pas question d’une comédie mais, je cite  l’auteur, "de raconter l’histoire d’une Artémis moderne ». A cause bien sûr, telle l’image de la déesse, d’une pratique de l’arc et d’un voeu de chasteté. Avec en plus l’effet-miroir de la gémellité.

Qui est donc ce cinéaste qui récuse le rôle traditionnel de femme et la voit chasseresse? Un homme du nord, dont c’est, après Des chevaux et des hommes en 2013, le second long métrage. A l’époque ce premier film avait représenté l’Islande aux Oscars, preuve de sa singularité. Woman at war a été conçu après que le cinéaste a été interrompu lors d’un atelier d’écriture par des membres de la banque mondiale. Les hommes en noir consultaient, c’est un comble, à propos du changement climatique. Erlingsson a promis d’y songer. Et du coup il en a fait un film. Dans l’esprit du Finnois Aki Kaurismaki, du Danois Lars von Trier, Erlingsson propose un cinéma poétique à la dramaturgie aléatoire, où le réalisme est noyé dans une rêverie allégorique. Il a , soit dit en passant, fait l’acteur chez Lars von Trier, en 2006, dans  Le director. Dans ses interviews, il convoque d’ailleurs l’esprit de Brecht et sa fameuse distanciation qui réfute toute crédulité au spectateur. C’est en outre, un fils d’acteur et un intello, toute sa vie a été baignée dans la culture théâtrale.

On le voit encore dans sa référence à la culture classique grecque. Quand il n’y a pas de choeur  à l’image , on découvre un orchestre façon fanfare jouer la bande originale du film, en pleine action, y compris au beau milieu de la steppe. Kusturica n’est pas très loin, là non plus. Tourné en Islande et en Ukraine le film a quelque chose de têtu et bienveillant à la fois. Sa violence est non-violente. On dirait du Gandhi.

Halla est une quinqua accomplie et appréciée, célibataire, sportive, elle dirige une chorale. De prime abord, rien de bien exceptionnel. Mais Halla est aussi une femme en colère qui s'insurge de la surproduction d'aluminium de son pays tendant à mettre en péril l'environnement. ...

On va sans doute nous dire que l’Islande n’exporte que ce qu’elle juge visible par les continentaux, à savoir un mix plaisant de paysages typés, de personnages gravés dans la glace et de folklore savamment dosé. Sans doute. Il n’empêche que ce n’est pas cette nouvelle ...

Que peut-il venir de bon d’Islande ? Des sagas et des poésies scaldiques hermétiques, des sources d’eau chaude, des paysages plats et froids, du poisson surgelé et un film fascinant. Quinquagénaire agréablement potelée, Halldóra Geirharðsdóttir (Halla / Ása) porte ...