VOYAGE AU BOUT DE L'ENFER (VERSION RESTAURÉE)

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A quelques exceptions près, Hollywood a toujours été réticent à traiter de la guerre du Vietnam, et il a fallu attendre le retrait des Etats-unis en 1975 avant que le tabou soit levé. Mais avec ce deuxième long métrage réalisé après Le Canardeur, Michael Cimino ne traitait pas tant de l’engagement américain au Vietnam. Il dressait surtout un portrait de l’Amérique de la fin des années 70, en adoptant le point de vue de trois amis de la classe ouvrière de Pennsylvanie.

La structure même du film, avant, pendant et après le séjour des personnages au Vietnam, indique aussi clairement qu’il s’agit non pas de montrer la guerre, mais ses effets sur différents individus.

En dépit de ses excès et de ses partis pris controversés, le film a été un succès colossal dans le monde entier, qui doit évidemment beaucoup à ses interprètes. Aux côtés de Robert De Niro, John Savage et Christopher Walken, on y découvrait Meryl Streep, dans son premier grand rôle au cinéma.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES GUERRIERS DE L'ENFER (Une étude des effets de la guerre du Vietnam sur différents individus à leur retour à la vie civile) ou encore APOCALYPSE NOW (Une interprétation surréaliste du vécu des soldats au Vietnam).

Il a fallu l’apport de la compagnie anglaise EMI pour décider Universal à produire le projet de Michael Cimino. Auparavant, le Vietnam était considéré comme tabou. C’est aussi grâce à la présence au générique de Robert de Niro que beaucoup de problèmes se sont réglés.  L’acteur, qui connaissait tous les professionnels de New York, a fait venir Meryl Streep et John Cazale, et ses contacts au sein des aciéries de Pennsylvanie où il s’était documenté ont été précieux pour trouver des décors.

Les premières projections test de Voyage au bout de l’enfer étaient assez décevantes, et le studio ne savait pas comment promouvoir un sujet aussi déprimant.  Ils ont fait appel à Allan Carr, un producteur expérimenté, qui pensait que le public ne viendrait que si le film était reconnu officiellement au sein de l’industrie. Autrement dit, il fallait lui faire gagner des oscars.  Pour ce faire, le film est sorti en fin d’année, dans une combinaison très limitée, mais suffisante pour le qualifier pour les oscars. La stratégie s’est révélée payante puisque le film a été nommé dans pas moins de neuf catégories avant de recevoir 5 oscar, dont meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur de second rôle pour Christopher Walken. Lors de sa sortie à grande échelle, la publicité insistait beaucoup plus sur les récompenses que sur les thèmes. Depuis, cette stratégie marketing est devenue courante.

Pour autant, Voyage au bout de l’enfer a suscité la controverse, et pas seulement auprès de la critique américaine. Au festival de Berlin où il a été présenté en 1978, la délégation russe a quitté le festival pour protester contre ce qu’elle appelait une représentation caricaturale du peuple vietnamien. Elle a été suivie par presque toutes les délégations des pays communistes. Le succès du film a été à double tranchant.  Du jour au lendemain, il a fait de Michael Cimino un cinéaste tout puissant. Il a profité de cet état de grâce pour entreprendre le pharaonique Les portes du paradis, un projet tellement ambitieux qu’il a ruiné le studio United Artists en même temps que la réputation de Cimino, qui a eu beaucoup de mal à s’en remettre.

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