VICE

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Vice est le titre génial et à double sens du biopic à charge que le réalisateur Adam McKay à consacrer à Dick Cheney, le vice-président de George W.Bush de 2001 à 2009. Insaisissable, discret, l’homme y est montré, de manière étayée, sous le jour d’un redoutable manipulateur. Un homme dont l’attitude et la politique ont profondément changé l’Amérique et le reste du monde. Pas forcément pour le meilleur. 

Adam McKay cueille Dick Cheney au sortir de l’adolescence. Brillant étudiant, il est renvoyé de l’Université Yale à cause de son comportement et de son goût pour les soirées trop arrosées. Sa femme, Lynne Vincent, le recadre sévèrement. Elle lui explique qu’il sera l’incarnation de l’ambition de ce couple soudé ou bien qu’elle le quittera. 

Débute alors l’ascension d’un homme sans conviction arrêtée, qui se choisit comme mentor Donald Rumsfeld mais saura le lâcher quand celui-ci deviendra un obstacle. Lui au contraire aura le génie de profiter de toutes les situations qui se présenteront à lui. Toujours. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver HARVEY MILK (Un biopic plus classique mais passionnant sur le maire gay de San Francisco, qui lui aussi, d'une certaine manière, a changé le monde.) ou encore W, L'IMPROBABLE PRÉSIDENT (Parce qu'Oliver Stone s'interroge lui aussi sur les conséquences du double mandat de George W. Bush au niveau mondial).

Le réalisateur Adam McKay prétend s’être appuyé sur The Power Broker, la biographie que Robert Caro a consacré à Robert Moses, urbaniste et équivalent du baron Haussmann à New York. Le livre décortique avec méthode comment accéder au pouvoir et comment y rester. McKay se serait aussi inspiré des dynamiques décrites par Shakespeare pour achever son scénario. Voilà pourquoi le film échappe au biopic classique et aborde son sujet par ses zones d’ombre plutôt que par sa réussite. D’ailleurs, le cinéaste semble plus fasciné par le culot de Cheney que par ses qualités intrinsèques. Il n’hésite pas non plus, à faire de George W. Bush, un pantin presque stupide. Ce qui lui sera reproché par les observateurs aguerris. 

McKay choisit, comme dans ses films précédents The big short, le casse du siècle ou la comédie Frangins malgré eux, de mélanger les faits, le récit précis avec un humour et quelques gimmicks audacieux. Par exemple, ce narrateur improbable qui s’adresse directement au spectateur de temps à autre. Sans hésiter à d’autres moments à utiliser des images d’archives pour étayer son propos. Vivant, drôle, Vice mélange sans cesse les genres, la grande et la petite histoire, l’image publique et les revers intimes qui nourrissent un personnage aussi impénétrable. 

Il en confie les clés à un acteur hors norme, Christian Bale, déjà à l’affiche de The Big short. Celui-ci n’hésitera ni à regarder en boucle les interviews du vrai Dick Cheney, ni à prendre une vingtaine de kilos pour ressembler au modèle, ni même à passer des heures et des heures au maquillage afin de l’incarner tout sa vie durant, depuis l’adolescence jusqu’à aujourd’hui. A ses côtés, l’impeccable Amy Adams (The Master ou American Bluff, où elle donnait déjà la réplique à Christian Bale), donne, en quelques scènes une varie épaisseur à Lynne Cheney. Nommé huit fois à l’Oscar, Vice en a remporté un, très mérité, celui du maquillage remis à Greg Cannom, déjà récompensé à trois reprises dans sa carrière. 

Après le marquant The big Short, l’association de Brad Pitt (en tant que producteur) et du réalisateur Adam Mckay propose un nouveau film, admirablement bien construit, sur une des personnes les plus sécrètes et détestées du monde entier, sans que ce dernier le sache vraiment. ...

Après une carrière politique brillante et un passage dans le monde des affaires, Dick Cheney a discrètement réussi à se faire élire vice-président aux côtés de George W. Bush. Devenu l'homme le plus puissant du pays, il a largement contribué à imposer un nouvel ordre ...

Vice représente tout ce que j’apprécie dans le cinéma. Un cinéma qui dénonce et rit face à l’ironie d’une machine aux rouages bien huilés, alimentée par le sang, l’argent, la bêtise humaine... Et les heureux hasards. Une machine infernale que rien ne semble pouvoir ...