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Cela fait bien longtemps que Francis Ford Coppola ne fait plus de cinéma en pensant à sa cote à Hollywood. Depuis des années, il préfère soigner les vignes de sa propriété californienne plutôt que de boire jusqu’à la lie la piquette déversée sur le box-office par les fabricants de blockbusters. Cela donne une filmographie étrange, déroutante mais toujours passionnante et Twixt en est un parfait exemple !

Le film qui va suivre est une formidable série B, racontant le cauchemar éveillé vécu par un écrivain déclinant dans une petite bourgade américaine. Le récit d’un drame sanglant dont une jeune fille des environs a été victime va réveiller son inspiration mais aussi des phénomènes qu’il aurait peut-être mieux valut laisser dormir pour toujours…
Entre film de genre et réflexion philosophique, Twixt jongle avec les références, les technologies et la filmographie de Coppola. Il permet aussi à Val Kilmer de retrouver un rôle décent, après des années de panouilles et de films alimentaires…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DRACULA (Coppola n'est-il pas le mieux placé pour recycler ses idées de génie ? Ici comme dans son "Dracula" de 1992, il joue avec le mythe du vampire, rendant cette créature de la nuit plus sexy, énigmatique et dangereuse que jamais, qu'elle ait les traits de Gary Oldman ou d'Elle Fanning...) ou encore LA NEUVIEME PORTE (Imaginer des livres ou en collectionner peut s'avérer très très dangereux. Chez Coppola ou Polanski, les héros vont être aux prises avec des événements surnaturels qui n'étaient certainement pas écrits d'avance !).

Des vampires, des fantômes, une petite ville inquiétante, des rêves effrayants : Francis Ford Coppola n’a pas hésité à en rajouter pour placer délibérément son Twixt dans la veine de ces petits films horrifiques dont les cinéphiles raffolaient dans les années 70-80. Mais, le réalisateur du Parrain ou de Apocalypse now ne pouvait pas le faire comme tout le monde !

Non, lui est allé chercher au cœur de son œuvre pour en tirer un film à clefs, beaucoup plus profond qu’il n’y parait. D’abord, l’histoire de Twixt lui a bel et bien été inspirée par un rêve, enregistré sur son téléphone portable à son réveil. Il y croisait effectivement une jeune fille assassinée lui racontant son calvaire. Coppola, s’est servi d’une tragédie personnelle pour alimenter son récit : son fils Giancarlo s’est tué en 1986 lors d’un accident de bateau et c’est en compagnie de sa petite-fille, Gia, que le réalisateur a travaillé. La perte, la culpabilité, le deuil et l’absence sont des ressorts essentiels à l’intrigue, baignée par les vampires, déjà pratiqués au temps de son sublime Dracula en 1992...
Quant à l’ambiance visuelle de Twixt, elle est surtout due à la passion, l’obsession du metteur en scène pour l’esthétique. Une marque de fabrique que l’on retrouve dans toute son œuvre et qui s’appuie ici sur deux éléments importants. D’abord le noir et blanc : choix amplificateur du caractère gothique de l’histoire et qui installe de fait un climat d’inquiétude propre au fantastique. C’était déjà le cas en 1986 pour Rusty James avec Matt Dillon et Mickey Rourke ou avec Tetro en 2009.

Autre effet notable : la 3D. Eh oui : Francis Ford Coppola s’est lui aussi laissé tenter par un procédé à la mode. Avant de hurler avec la meute des indignés, repensez à un détail qui a son importance : qui en 1986 a signé un court métrage produit par George Lucas, mettant en scène Michael Jackson dans une superproduction futuriste et musicale diffusée dans les parcs Disney ? Réponse : Coppola pour Captain Eo, tourné en 3D ! Pionnier du genre donc, le cinéaste n’avait aucune raison de s’en priver…