THE CHEF

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Après avoir été acteur et chef dans un restaurant, Philip Barantini a réalisé The chef en s’inspirant de son propre court métrage qui décrit le fonctionnement d’un restaurant sous tension permanente.

L’action se situe un soir de décembre, et les enjeux sont rendus d’autant plus décisifs par la présence de clients importants. Et cette fois, la caméra ne suit plus seulement le chef incarné par Stephen Graham, mais également le reste du personnel, chacun ayant l’occasion d’exposer comment son caractère ou sa situation personnelle interfère ou non avec l’exercice difficile de leur métier.  

Alors que le procédé consistant à tourner en un seul plan-séquence relève plus souvent de la démonstration de virtuosité que de la nécessité, cette fois, il se justifie totalement en atteignant deux buts : restituer l’impression de vécu immédiat, et accentuer la tension ressentie par chacun des protagonistes. Stephen Graham, l’interprète principal, délivre une intensité stupéfiante qui contribue pour beaucoup à la réussite du film.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ONE SHOT (Même volonté de suivre l'action en temps réel à l'occasion d'un unique plan-séquence.) ou encore CHINESE FEAST (La description du fonctionnement frénétique d'un restaurant sert de toile de fond à une comédie romantique.).

Avant de réaliser des films, Philip Barantini a été acteur, mais la précarité du métier l’a obligé, pour payer le loyer, à travailler dans des restaurants pendant une douzaine d’années. Parti du bas de l’échelle, il est devenu chef de cuisine dans des établissements parfois très cotés. Son expérience lui a inspiré de témoigner de ce qui, à sa connaissance, n’avait jamais été montré dans des documentaires. Dans un court-métrage de 2019, il a cherché à rendre palpable le stress ressenti par les équipes, en se concentrant sur la figure du chef, qui tient grâce à l’alcool et à la cocaïne. Le film ayant bien fonctionné, Barantini a projeté de l’étendre en long métrage, mais plutôt que de se servir ce qu’il avait déjà tourné, il s’est rendu compte qu’il fallait tout reprendre à zéro. 

Comme le procédé du plan-séquence utilisé dans le court avait très bien fonctionné, Barantini a décidé de le réutiliser pour le long, mais cette fois dans une configuration beaucoup plus complexe. Avec ses acteurs, le metteur en scène a procédé à une préparation psychologique méticuleuse, tout en évitant soigneusement de leur donner des dialogues. Ils devaient improviser et vivre leurs personnages. A un moment des répétitions, il a fait venir des chefs qui se sont mis à parler rudement, comme ils l’auraient fait avec des employés pour les exhorter à s’activer. Les acteurs ont été surpris mais ont réagi comme dans la réalité, avec spontanéité. 

De son côté, le chef-opérateur a dû mémoriser tous les mouvements de caméra afin qu’ils deviennent des réflexes, tandis que certains techniciens étaient disséminés parmi les figurants afin de surveiller le bon déroulement du tournage, recevant les instructions du réalisateur dans leurs oreillettes. Le tournage lui-même a été planifié pour enregistrer 8 prises sans interruption. On était en mars 2020 et la pandémie est arrivée par surprise. Au bout de 2 jours, les techniciens inquiets ont commencé à faire défection.  Par mesure de précaution, Barantini et ses producteurs ont décidé d’arrêter le tournage et de garder ce qu’ils avaient en stock, soit 4 prises. C’est la troisième qui a été retenue.

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