SHOWTIME

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Depuis longtemps, Robert De Niro essaie différents registres, et la comédie est un exercice auquel il revient régulièrement. Harold Ramis, qui l’a dirigé dans Mafia blues, racontait que de Niro était bon parce qu’il jouait le personnage, et pas la comédie. Autrement dit, il faisait attention à laisser le personnage être aussi vrai que possible. Apparemment, l’acteur approche toutes les comédies de cette façon, parce que c’est encore le cas dans Showtime, où il  joue au premier degré  un flic efficace mais solitaire et irascible, obligé malgré lui de participer à un reality show en compagnie d’un patrouilleur incapable joué par Eddie Murphy.

Le duo improbable produit les étincelles attendues, l’effet majeur reposant sur le contraste entre les deux. Face à Eddie Murphy, déchaîné comme à son habitude, De Niro n’a pas besoin de grimacer pour donner l’impression que son personnage n’est pas à l’aise lorsqu’on lui demande de faire semblant. William Shatner, dans le rôle d’un conseiller en art dramatique pour la télé, fait dire que son personnage est le pire acteur du monde. C’est le genre de gag typique de ce film qui joue sur la distorsion entre la réalité et l’illusion de la réalité. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver 48 HEURES ou encore 15 MINUTES .

Depuis le succès de 48 heures en 1982, Hollywood a exploité tous les aspects de ce genre baptisé buddy movie, qui repose sur l’association forcée de  deux flics dépareillés . La vague a persisté une bonne quinzaine d’années avant de manifester des signes d’essoufflement au début des années 2000. Entretemps, une franchise comme L’arme fatale a connu un beau succès avec pas moins de quatre films .  En fin de parcours, le genre utilisait toujours le même mélange d’action et de comédie, mais a eu tendance à inverser les proportions au point de friser l’autoparodie.

Showtime essaie de jouer sur les deux tableaux, mais penche nettement vers la comédie . Le réalisateur Tom Dey avait déjà une expérience dans un registre similaire avec Shanghai kid, qui réunissait au Far West un Chinois joué par Jackie Chan, et un voleur de train désinvolte joué par Owen Wilson. Cette fois, le principe consiste à associer dans le cadre d’une série de télé réalité un policier introverti et un patrouilleur qui n’est bon qu’à frimer. La force comique de leur  association  improbable repose principalement sur le contraste entre la réalité et l’artifice, et l’inversion des valeurs:  la discrétion du personnage de De Niro qui , dans l’exercice de son métier, est une qualité, passe pour un défaut à l’écran et vice versa.

C’est l’occasion aussi de faire une satire très douce des méthodes de la télé.Avec De Niro et Eddie Murphy en tête d’affiche, le film a coûté très cher : plus de 80 millions de dollars. Mais les stars n’ont pas suffi à remplir les salles. Il semble qu’à l’époque, le studio  a tenu à raccourcir le film pour le faire tenir dans le créneau des 90 minutes, le privant de quelques scènes de comédie additionnelle qui auraient peut-être suffi à emporter le morceau.

Longtemps confondu avec Hollywood homicide sans véritable raison, Showtime est plus réussi qu'il n'y paraît. Sans être une pépite, c'est une sorte de prototype de "film du Vendredi soir", agréable à défaut d'être idéal. Scénaristiquement décevant ...