SEULE DANS LA NUIT

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Seule dans la nuit est l’adaptation d’une pièce de théâtre de Frederick Knott, représentée à Broadway à partir de février 1966, avec Lee Remick et Robert Duvall, dans un mise en scène d’Arthur Penn. Reprise un peu partout dans le monde, la pièce rencontra partout systématiquement un grand succès, sauf à Paris où, sur la scène du Théâtre Edouard VII, elle fit un four mémorable, malgré la présence d’Annie Girardot et de Marcel Dalio.

Mari d’Audrey Hepburn depuis le milieu des années 1950, le comédien et réalisateur Mel Ferrer, qui avait déjà été son partenaire au théâtre comme au cinéma et l’avait déjà dirigée en 1959 dans un film intitulé Vertes demeures, décida de produire pour elle et avec la Warner, la version cinématographique de la pièce. Ça ne les empêchera pas de divorcer un an plus tard !

La mise en scène fut confiée à Terence Young, ancien scénariste passé à la réalisation en 1948 et devenu célèbre grâce au succès des premiers James Bond. Face à Audrey Hepburn, à qui ce rôle d’aveugle rapporta une dernière nomination à l’Oscar, vous reconnaîtrez peut-être Alan Arkin, quarante ans avant son rôle de papy érotomane et cocaïnomane de Little Miss Sunshine. Voici donc Seule dans la nuit qui, pour sa sortie à Paris en février 1968, décrocha le Grand prix du suspense, d’une part, et une stricte interdiction aux moins de 13 ans, d’autre part.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA NUIT DU CHASSEUR (1955) (Comme Alan Arkin, l’effrayant Robert Mitchum veut récupérer une poupée. Sa proie : deux enfants aussi courageux qu’Audrey.) ou encore LA MORT AUX TROUSSES (1959) (Sans en connaître la raison, comme Suzy, Roger Thornhill est poursuivi par des gangsters qui le croient en possession d’un mystérieux microfilm...).

La chanson que vous venez d’entendre, pendant le générique de fin, a été composée par Henry Mancini – immortel auteur du thème de la Panthère rose – et écrit par Jay Livingston et Ray Evans, à qui l’on doit notamment le fameux Que Sera, Sera, lancé à tue-tête par Doris Day dans l’Homme qui en savait trop d’Alfred Hitchcock. A propos d’Hitchcock, Seule dans la nuit aurait dû être son 55e film, après le Rideau déchiré mais, sous contrat avec Universal, il lui fut impossible d’accepter l’offre de la Warner. Pourtant, il avait déjà adapté une pièce de Frederick Knott, c’était en 1954, le Crime était presque parfait, et avait déjà voulu travailler avec Audrey Hepburn. En effet, celle-ci faillit être son interprète dans un film, finalement abandonné tant le monde du crime et de la prostitution qui servait de décor à l’hitchcockienne intrigue ne correspondait pas du tout à l’image de l’actrice, plus habituée aux comédies légères et charmantes, comme Vacances romaines de William Wyler ou Drôle de frimousse de Stanley Donen.

Interviewé  par la première et unique chaîne de l’ORTF, Terence Young, le réalisateur du film expliqua dans un excellent français que le tournage avait été pour son interprète principale « énormément difficile » et qu’elle y fut « absolument inouïe ». Il ajouta : « C’est mon actrice favorite ». Au court du même entretien, il expliqua, également, que, si les James Bond qu’il avait réalisés n’était pas du tout réalistes, mais plutôt des contes de fée pour enfants, Seule dans la nuit, au contraire, était une histoire très réaliste, la preuve, pour une fois, Audrey Hepburn n’est pas habillée par Messieurs Givenchy ou Cardin mais par « Marks and Spencer ». Décidemment très francophile, c’est en tournant un documentaire à Cannes, en septembre 1994, que Terence Young y mourut à l’âge de 94 ans.

Le rôle du très méchant Roat, le plus terrible vilain de l’histoire du cinéma pour Stephen King, qui s’y connaissait en la matière, avait notamment été refusé par Georges C. Scott et par Sean Connery. A un journaliste qui l’interrogeait sur une possible nomination à l’Oscar, Alan Arkin, qui avait hérité du rôle et qui admirait sincèrement sa partenaire, répondit résigné : « On n’a pas d’Oscar quand on est méchant avec Audrey Hepburn. »

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