ROADS

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En deux films, Sebastian Schipper s'est investi du motif du voyage. Dans tous les sens du terme. Après avoir été très remarqué avec Victoria, errance berlinoise d'une touriste espagnole en un plan séquence de plus de deux heures, Roads lance un jeune Anglais et un Congolais sur un périple entre le Maroc et le Nord de la France.

Gyllen et William font trajet commun mais pour une trajectoire inverse : le premier veut fuir ses parents, le second retrouver son frère exilé clandestin, Roads les met au volant d'un camping-car pour mieux les réunir, filmer ce qui les rapproche alors que tout, de leurs origines à leurs classes sociales est censé les séparer.

Roads avait tout pour être béni oui-oui, mais s'en écarte en replaçant sans arrêt au centre des débats très actuels, de la crise migratoire à celle, identitaire, qu'elle entraîne. Même en espérant qu'une fraternité entre les peuples finira par prendre le dessus, Schipper signe un film plus rugueux, plus dense que prévu.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver IN AMERICA (le parcours d'une famille irlandaise immigrée à New York) ou encore L'HÉROÏQUE LANDE (un film-essai sur la vie dans la "Jungle" de Calais).

Si Victoria a mis un coup de projecteur mondial sur Sebastian Schipper, Roads est un film qu'il avait en tête bien avant celui-ci, qui s'en faisait à plusieurs titres l'écho dans son rapport à des cultures différentes ou l'idée d'un mouvement permanent. Tout comme son tout premier long métrage, Absolute Giganten, déjà le récit d'une fuite en avant, celle de trois amis en virée à Hambourg pour une dernière nuit. De même, Victoria prolongeait cette ébauche de Roads par la rencontre entre des étrangers. Seule différences primordiales, Roads se déroule au plein soleil d'un été et se voulait volontairement une évocation d'une joie de vivre malgré un contexte rude et plus réaliste. Autant Absolute Giganten et Victoria imaginaient une Europe, autant Roads s'inscrit dans celle, politique et sociale, que connaissent aujourd'hui les migrants.

Pas question pour Schipper de se dérober devant cet hyperréalisme : la mise en scène de Roads sera moins agitée que celle de Victoria. La part planante de l'image fait place à une caméra plus posée. Au scénario de zigzaguer pour éviter les lieux communs, se concentrer sur une seule ligne directrice, cette frontière morale, sociale qui sépare aujourd'hui le Nord du Sud, les blancs des noirs, les riches des pauvres. De trouver comment installer un rythme de suspense dans un contexte souvent quasi-documentaire. Tout s'est joué en amont, Schipper se documentant énormément sur le parcours des migrants, et plus particulièrement sur ce moment où il est mis en suspens, notamment à Calais dans la fameuse jungle.

Roads a été en partie tourné là-bas, faisant appel aux volontaires des associations en prise directe avec le terrain, devenus acteurs d'un instant aux côtés de Fionn Whitehead et Stéphane Bak. Schipper et son équipe s'étant retrouvés malgré eux dans l'absurdité de la situation : en étant coproduits par des français, il ne pouvait pas risquer l'interruption de ses autorisations de tournage en faisant jouer leurs propres rôles par des clandestins qu'il a fallu faire incarner par des figurants parisiens déplacés à Calais pour l'occasion. Pas plus qu'il n'aurait pu le faire au nom de sa production allemande, rendant illégal selon les lois de ce pays, leur rémunération.

Un bijou. Un film qui est passé complètement inaperçu pour je ne sais quelle raison (COVID, état de la distribution en europe)... FONCEZ le voir. Même réalisateur que "Victoria"; C'est beau c'est drôle c'est touchant. Battons nous pour que ce genre de films existent ...

Roads, on peut s'en douter quant au titre, est un road movie. Le film coche toutes les cases du genre : errance, distance (Maroc, Espagne, France), emploi de l'anglais (ne pas oublier que le road movie prend racine dans la culture nord américaine, on pense toujours à ...

Gyllen, jeune Anglais de 18 ans, en vacances au Maroc avec sa famille, décide de larguer les amarres en "empruntant" le camping-car de son beau-père. Il envisage de rejoindre son père, installé en France, à Arcachon. Il rencontre William, un jeune Congolais de son âge, ...