PORTIER DE NUIT

en VOD

Portier de nuit en 1973 est un de ces films pour qui l’affiche a fait beaucoup. On se souvient de cette image éminemment provocatrice de Charlotte Rampling à demie nue, portant la casquette d’un officier SS et, les mains gantées à la manière de Gilda, empoignant ses seins. Tout l’ambiguité sadomasochiste du film est dans ce fétichisme morbide. En fait Portier de nuit est un film sur l’esclavage. Sur les relations du maître et de sa chose.

Sortie en 1973 le film fit un succès de voyeurisme et de scandale et fut immédiatement interdit en Italie. Le fait qu’il ait été réalisé par une femme, Liliana Cavani ajoutant un peu à l’effroi des ligues de vertus et de moralisateurs de droite comme de gauche, d’ailleurs. Charlotte Rampling qui révéla alors sa beauté au monde et Dirk Bogarde cultivant sa séduisante ambiguïté, firent fantasmer une génération qui n’avait pourtant aucun penchant pour l’uniforme noir.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES DAMNÉS DE LUCHINO VISCONTI (1970) (Sur la dégénérescence d'une grande famille d'industriels allemands qui se compromet avec le nazisme c'est un film tragique et d'une grande beauté formelle.) ou encore LA CHUTTE DE OLIVER HIRSCHBIEGEL (2004) (Les derniers jours de Hitler et de sa garde rapprochée alors que l'armée rouge s'approche de Berlin.).

Avec Salo, Le dernier tango à Paris, ou encore La grande bouffe ce film fait partie des œuvres traumatiques  des années 70 quand les transgression politico-érotiques venues d’Italie déferlait sur le cinéma. « Obscénité », vulgarité, atteinte aux bonnes mœurs, tels furent les attendus du jugement des censeurs italiens qui condamnèrent le film comme s’ils se croyaient à Nuremberg. Evidemment Pasolini, Antonioni, Bertolucci et Visconti adressèrent aux censeurs leur lettre de soutien à Cavani. C’était la moindre des choses. Mais même la presse progressiste prit le film du bout des doigts ou des yeux si l’on veut. On ne savait pas ce qu’il racontait. Etait-il amoral, politique, culturel, onirique ou simplement cochon ? Et qu’elle était le message ?

Quand Bertolucci filmait l’amour à mort à Paris, Cavani elle tournait à Vienne ville anschlussée et donc à la fois martyre et consentante. La première scène tournée d’ailleurs fut la plus délicate. C’est celle où Charlotte Rampling joue les Lily Marlène, chantant et dansant seins nus dans une boîte nazie. Plusieurs actrices avaient refusé ce rôle périlleux à commencer par Romy Schneider. Il avait aussi été question de Dominique Sanda et Mia Farrow mais finalement le rôle échu à la belle Charlotte qui avait déjà fréquenté des nazis et Dirk Bogarde dans les Damnés de Visconti en 1969. A l’époque âgée de 27 ans la jeune femme avait déjà près de dix ans de carrière derrière elle. En télévision où on l’avait vu dans la mythique série Chapeau melon et botte de cuir mais aussi au cinéma chez Lester, ou Boorman dans Zardoz notamment aux côtés de Sean Connery.

Bogarde lui était le grand acteur shakespearien du cinéma européen. Il avait entamé sa carrière dans l’après-guerre et écrasé les années 60 de sa classe. Il suffit de citer les films de Losey dont The servant, ou encore Mort à Venise et Les Damnés de Visconti pour évaluer la catégorie dans laquelle il combattait. Il donne encore au rôle de nazi à demi repenti de Portier de nuit une humanité pathétique. Le film eut une postérité assez détestable lançant la mode des productions SM à base de nazis et de créatures dénudées. Ce qui était la démonstration par l’absurde que le travail de Cavani portait sur une projection érotique plus que politique.

Portier de nuit est, par essence, un film sulfureux. Il savait qu’il n’aurait pas droit à l’erreur sous peine d’être démoli de tous les côtés. Aussi, il s’attaque avec un sérieux total au développement de son histoire. Mais si Portier de Nuit ne manque pas d’idée, ...

Portier de Nuit est la capture cinématographique sauvage de la vapeur qui nait de l'épanchement de la lave sur de la glace. La passion la plus dévorante et destructrice face à la froideur absolue des uniformes et de la cruauté de l'histoire (avec ou sans majuscule). Probablement ...

Le film est très intéressant, porté par les interprétations incandescentes de Charlotte Rampling et Dirk Bogarde, mais c'est surtout une très belle variation sur le syndrome de Stockholm. Au départ, Lucia déteste Maximilian ,pour les atroces tortures subies lors du camp ...