PATERSON

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Paterson est un trentenaire, chauffeur de bus de son état, vivant à... Paterson justement, dans le New Jersey, et féru de poésie puisque sa seule occupation hormis son travail, se résume à l'écriture de poèmes qu'il note soigneusement dans un carnet prévu à cet effet. Paterson vit avec Laura, jeune femme fantasque pétrie de rêves un peu plus fous les uns que les autres. Le couple a aussi un chien, Marvin, qui ne donne pas toujours dans la discrétion.

Paterson est un film réalisé par Jim Jarmusch, qui suit la vie du couple formé par Paterson et Laura pendant sept jours avec tout ce que cela peut comporter comme banalités, sauf que le tour de force du cinéaste, n'est pas Jarmusch qui veut, consiste à rendre la promenade en leur compagnie passionnante grâce notamment au foisonnement de détails qui l'enrichissent pourvu qu'on veuille bien se laisser embarquer. Jim Jarmusch conseille lui-même de regarder flotter le film sous ses yeux comme des images qu'on voit défiler par la fenêtre d'un bus.

Pour donner corps et âme au jeune couple, Jarmusch a choisi Adam Driver et Golshifteh Farahani. Driver qui ballade sa grande taille toujours avec la même justesse et séduction, de Tracks à Midnight Special, en passant aussi bien par le magnifique Hungry Hearts que Star Wars: Le Réveil de la Force, que Inside Llewyn Davis, et quelques autres. Farahani pour sa part confirme sa faculté d'adaptation à un cinéma international, jouant aussi bien en anglais qu'en français qu'en libanais ou qu'en iranien, sa langue d'origine, et ce dans des genres que rien ne relie si ce n'est son talent de comédienne à chacune de ses apparitions.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CERTAINES FEMMES (Ce film de Kelly Reichardt, réussit également à conférer à la banalité des situations, un intérêt qui ne faiblit pas.) ou encore LE VOYAGE DE CHIHIRO (Ce film de Hayao Miyazaki se déroule également dans un univers rempli de poésie.).

Vous aurez sans doute noté combien Paterson est constitué de petites saynètes apportant chacune son grain de sel à l'ensemble pictural voire poétique que forme le film dans son intégralité. Les moments en compagnie de Marvin le chien, les personnages que Paterson retrouve au seul bar du coin tous les soirs, les bribes de conversation chopées dans le bus auxquelles Paterson accorde une attention relative, les jumeaux qui surgissent ici et là, le collègue qui raconte ses misères tous les matins en début de service, et puis les deux scènes phares qui parce qu'elles touchent de près à ce que Paterson affectionne le plus, la poésie, occupent du coup une place de choix dans le récit. La séquence avec la petite fille qui lit à Paterson le poème qu'elle a elle-même rédigé, et celle à la toute fin du film où Paterson fait la connaissance de l'homme japonais fasciné par cette ville qui aura vu émerger des talents comme ceux de Williams Carlos Williams et d'Allen Ginsberg, entre autres.

Mais l'univers de Paterson se compose également de sa compagne Laura. Cette jeune femme aux allures en permanence très positives, qui passe son temps à peindre et repeindre l'appartement en noir et blanc, à préparer des gâteaux qu'elle vendra ensuite à la kermesse du coin pour gagner quelques dollars, et qui commande en ligne, une guitare, parce qu'elle se voit bien en future reine de la country. Laura qui par ailleurs croit dur comme fer aux talents de poète de son homme et n'aura de cesse de l'encourager dans cette voie.

Je vous le disais avant le film, n'est pas Jarmusch qui veut, et le fait de parvenir à infiltrer un intérêt quelconque à sept jours consécutifs de la vie d'un jeune couple américain provincial des plus banals, démontre bien que la créativité est loin d'être morte et que si comme le dit Jim Jarmusch lui-même, on décide d'aller à l'encontre de la noirceur proposée par les grosses productions hollywoodiennes, et bien il suffit d'en trouver l'antidote. Avec Paterson, c'est chose faite.

Après Détroit et les sorties nocturnes d’Only Lovers Left Alive, Jim Jarmusch déplace de nouveau son cinéma dans une ville en friche où la lisière se révèle étroite entre les briques en ruine et le malaise social. Cette fois ci, c’est dans la bien nommée Paterson. ...

Avis à celleux qui "respirent la poésie" et l'admirent, Jim Jarmusch est revenu pour nous faire rêver. Paterson s'ouvre sur l'étreinte profonde et silencieuse d'un homme et d'une femme dans leur lit. Durant sept jours, le film nous entraîne dans le quotidien de Paterson, ...

Pas une seule seconde le film ne dramatisera au sens où le cinéma, généralement, dramatise, c'est-à-dire surjoue la vie pour la rendre vivante, survend l'existence pour que le spectateur daigne s'y intéresser. Le film est fait de riens qui ne sont jamais banals, et c'est ...