NEXT STOP GREENWICH VILLAGE

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Situé au début des années 50 au coeur du quartier qui allait donner naissance au mouvement beatnick, Next stop greenwich village décrit le parcours d'un jeune acteur qui fuit sa mère possessive pour s'installer dans le district bohème de Manhattan. Là, il rencontre  celle qui va devenir sa petite amie, ainsi qu'une galerie d'excentriques parmi lesquels un dramaturge cynique joué par Christopher Walken, et un prostitué gay joué par Antonio Fargas. 

Tous ont en commun le désir de s'affranchir et d'inventer de nouvelles règles pour s'exprimer autant que pour vivre.  Entre documentaire et comédie de moeurs, le film dresse le portrait d'une jeunesse angoissée par l'imminence du passage à l'âge adulte et qui cache son insécurité derrière des postures et un langage caricaturaux.

Le cinéaste Paul Mazursky a débuté comme acteur, et il n'est pas difficile de voir que Next stop greenwich village est largement autobiographique. Il porte un regard à la fois attendri et critique sur ses personnages dont il n'hésite pas à montrer le ridicule et l'artificialité. Mais cette autodérision assumée ne fait qu'ajouter à la vérité du portrait.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver AMERICAN GRAFFITI (Une plongée nostalgique dans l'Amérique du début des années 60) ou encore INSIDE LLEWYN DAVIS (Même reconstitution de Greenwich village, cette fois au début des années 60.).

Paul Mazursky, un ami proche de Mel Brooks, disait que l'humour n'était pas seulement une façon de voir la vie, mais qu'il permettait de supporter la douleur inévitable de certaines épreuves. Ce sens de l'humour est au coeur de Next stop Greenwich village, même si le thème du passage à l'âge adulte est traité avec sérieux. Pour le jeune acteur Larry Lapinsky, le problème, ou le rite de passage, consiste à concilier le théâtre classique, qu'il connaît pour avoir joué Hamlet au collège, et une approche moderne, celle de l'actor’s studio dont Marlon Brando est son modèle. Le personnage est partagé entre sa tendance à intellectualiser les rôles et les conseils de ses profs qui lui disent que la meilleure façon de délivrer de façon convaincante un texte shakespearien très écrit consiste à laisser parler son inconscient et à libérer son corps.

A partir de cette démarche qui cherche à concilier l'esprit et l'instinct, on peut reconstituer le propre parcours de Paul Mazursky qui lui-même a commencé comme acteur, activité intuitive par essence, avant de passer à l'exercice plus rationnel de la mise en scène. D'ailleurs, ce n'est pas la seule touche autobiographique: Le personnage de Christopher Walken est inspiré de Howard Sackler, le scénariste de Fear and desire, le premier film de Stanley Kubrick dans lequel a joué Paul Mazursky. Autre exemple, la référence aux auditions que passent les jeunes acteurs pour jouer dans des films de délinquants juvéniles est un clin d'oeil direct à la propre expérience de Mazursky, dont le premier emploi  à Hollywood a été figurant dans Graine de violence.

Dans le rôle principal de Larry Lapinsky, Lenny Baker fait une prestation très convaincante. Hélas ce sera sa seule apparition dans un premier rôle au cinéma, puisqu'il retournera par la suite tourner dans des séries télé. Quant à la mère possessive de Larry, elle est jouée particulièrement à propos par Shelley Winters, une actrice emblématique de l'actor's studio.  Le film marque aussi la participation de Jeff Goldblum et de Bill Murray, tous les deux au début de leurs carrières respectives.