MILLENNIUM ACTRESS

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Connaissez-vous Chiyoko Fujiwara ? Non eh bien vous avez tort et ça manque à votre culture cinématographique. Figurez-vous que cette dame respectable, aujourd’hui septuagénaire, a été une des plus grandes actrices japonaises des prestigieux studios Ginei, qui ont connu la faillite avec ce nouveau siècle. Et dans le film qui va suivre, Chiyoko a accepté de se confier pour la première fois à des journalistes, revenant avec passion et émotion sur sa vie et son parcours.

Vous y revivrez ses heures de gloires sur les écrans nippons mais vous y découvrirez aussi le secret de cette mystérieuse clef qu’elle n’a jamais cessé de porter autour de son cou… Une clé remise par un dissident politique en fuite, il y a fort longtemps alors qu’elle était encore adolescente et qu’elle n’a jamais revu …

Ah j’oubliais : Chiyoko Fujiwara n’existe pas ! C’est le personnage principal de l’époustouflant film d’animation japonais signé Satoshi Kon en 2001 que vous allez maintenant regarder…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE VENT SE LEVE (Myazaki et Kon sont les fers de lance de deux studios d'animations japonais concurrents mais sur ces deux films, ils se retrouvent sur un thème commun : la nostalgie de la jeunesse...) ou encore JUDY (Quand les grandes stars du cinéma se penchent sur leur passé, leurs confessions nous apprennent parfois les coulisses su monde du cinéma. Qu'elles soient réelles ou issues de l'animation...).

Millenium actress convenez-en est un des plus beaux films d’animation jamais sorti de l’imagination pourtant fertile des maîtres artisans nippons de la discipline. Graphisme, dialogues ou musique : tout y est délicat, chaque détail apparait important dans sa précieuse minutie. Satoshi Kon était un véritable orfèvre en la matière. Je dis « était » car le réalisateur nous a quitté en 2010 à l’âge de 57 ans seulement, victime du cancer. Son œuvre, moins connue chez nous que celle de Myazaki, compte plusieurs autres pièces majeures.

On peut citer Perfect blue en 1997, son 1er long métrage, dans lequel apparait d’emblée ce sui fera la renommée de son style : un réalisme troublant qui laisse toute sa place aux émotions et à la psychologie de ses personnages. Ce thriller, qui évoque la place prépondérante des idoles de la pop japonaise pour la jeunesse locale et les dangers de ce rôle de star populaire, avait d’ailleurs été interdit aux moins de 12 ans, fait rare dans le cinéma d’animation. Par la suite, Satoshi Kon réalisera notamment Tokyo godfathers mais surtout Paprika, considéré comme son plus grand film en 2006.

Un dessin animé futuriste explorant les méandres d’une machine capable d’entrer dans nos rêves et dont le principe va être détourné par des manipulateurs voulant contrôler l’inconscient. Paprika a connu un immense succès au Japon bien sûr mais aussi dans le reste du monde, recevant de prestigieuses distinctions à Montréal, Porto ou Newport et concourant même au Lion d’or du festival de Venise. Christopher Nolan en personne cite le film comme une des influences de Inception et il est vrai que la scène de l’ascenseur en semble une émanation directe… Très sensibilisé au statut des jeunes animateurs japonais, parfois exploités par l’incroyable expansion de ce secteur d’activité, Satoshi Kon s’était engagé sur la fin de sa vie dans une association prenant leur défense. Avec Avant de mourir, il avait aussi jeté les bases d’un film inachevé, destiné celui-là au jeune public…

Il m’aura fallu attendre 4 longs métrages de Satoshi Kon pour trouver la synthèse parfaite de son œuvre, le point d’équilibre qui mette à profit son talent pour les transgressions narratives, les labyrinthes des mises en abymes et sa capacité la plus élémentaire à ...

Millennium Actress est doté d'un scénario dont la simplicité pourra en rebuter plus d'un. La vie d'une femme qui n'a quasiment jamais cessé de courir après son amour perdu, inassouvi. Dit comme ça, nombreux sont ceux qui vont lever les yeux au ciel, pousser un soupir de dépit, ...

Lire en écoutant un peu de musique. Petit note, si vous n'avez pas vu le film, épargnez-vous la lecture des deux derniers paragraphes. Rien de bien grave de dévoilé, mais il vaut mieux aborder un film sans trop en connaître. Sur le fil entre réalité et fiction se déroule ...