MESSALINE

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La fin des années 1950 et le début des années 1960 marquent l’âge d’or du péplum, ce genre typiquement italien, dont le nom vient du latin et désigne la tunique. Souvent considéré comme un genre populaire à la production abondante et sans grande ambition artistique, le péplum a, généralement, pour cadre l’Antiquité gréco-romaine, bien que, dès les origines du cinématographe, le spectaculaire ait largement prit le pas sur l’historique.

Dès 1897, en effet, les frères Lumières produisent un Néron essayant des poisons sur ses esclaves, en 1909 – un an après leur fameux Assassinat du duc de Guise – André Calmettes et Charles Le Barguy tournent le Retour d’Ulysse et, en 1914, Giovanni Pastrone donne ses lettres de noblesse à ce genre, pas encore baptisé péplum, avec Cabiria. Cette superproduction allait remporter un succès international considérable et marquer profondément Griffith, Abel Gance et Fritz Lang, autant que Pietro Francesci et Ricardo Freda, grands noms du péplum, comme Vittorio Cottafavi qui, après la Révolte des Gladiateurs et les Légions de Cléopâtre dirige Belinda Lee dans ce rôle de jeune et belle et ambitieuse vestale qui, après la mort de Caligula, va intriguer pour se faire aimer de Claude, le nouvel empereur. Elle deviendra ainsi l’impératrice Messaline, perfide, cruelle et débauchée, comme son patronyme en témoignera encore des siècles près sa mort !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA RÉVOLTE DES ESCLAVES (1960) ou encore LE COLOSSE DE RHODES (1961) .

Non, Vittorio Cottafavi n’est pas un simple réalisateur de péplums. Né en 1914, mort en 1998, il aurait pu être l’un des grands cinéastes du néoréalisme, si la critique italienne n’avait pas été, à ce point, aveugle. C’est, en tout cas, l’avis de nombreux journalistes français, en particulier du côté des Cahiers du Cinéma, de Positif et de Présence du cinéma qui lui consacra un numéro spécial en décembre 1968.

Six ans après ses débuts de réalisateur, il tourne Fiamma che non si spegne, que l’on pourrait traduire par la Flamme qui ne s’éteint jamais, un film sur la résistance italienne, inspiré d'une histoire vraie. Mais, pas assez « politiquent correct » – puisque mettant en scène un résistant, par ailleurs carabinier, c’est à dire appartenant à cette police ayant accompagné la prise du pouvoir de Mussolini – le film est éreinté par la critique et l'intelligentsia bien pensante italienne, « rayant son auteur du mouvement néoréaliste, bloquant sa carrière et l'empêchant de tourner les sujets ambitieux dont il rêvait », comme en témoigna son ami Bertrand Tavernier, quelques jours après sa mort.

C’est ainsi que Vittorio Cottafavi s’oriente vers des films moins personnels et moins exigeants, des films de genre, comme on dit, des films d’aventure, des mélodrames et, bientôt, des péplums. Il y aura Milady et les mousquetaires, vaguement adapté d’Alexandre Dumas Père, Fille d’amour, une version de la Dame aux camélias dans l’Italie d’après guerre, et ces six fameux péplums, tournés entre 1958 et 1961 dont Tavernier, toujours lui, appréciait tant l’humour et la poésie.

C’est en jouant Shakespeare à la fameuse Royal Academy of Dramatic Art de Londres, que la britannique Belinda Lee entama sa carrière théâtrale, avant de faire ses premiers pas au cinéma, en 1953, dans une comédie policière menée par Margaret Rutherford et Petula Clark. Installée à Rome à partir de 1958, on la découvrira dans les rôles titres de Aphrodite déesse de l’amour et les Nuits de Lucrèce Borgia, ainsi qu’en femme du monde sombrant dans la débauche, sous la direction de Jean-Pierre Mocky, dans les Dragueurs. Le 14 mars 1961, quelques mois après la sortie de Messaline, Belinda Lee disparaîtra dans un banal accident de la route. Elle n’avait pas 26 ans.

Enfin, si vous avez reconnu le comédien incarnant le beau Lucio Massimo, c’est normal ! Il s’agit de Spiros Focás, qui, la même année, était l’un des frères d’Alain Delon dans Rocco et ses frères et, bien plus tard, le très méchant Omar Khalifa, l’empereur du Nil, dans le Diamant du Nil, ainsi que le commandant Massoud, le fameux afghan, dans Rambo III !