MAVERICK

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Le Mel Gibson de 1994 n’avait rien à voir avec celui que l’on connaît aujourd’hui. Son interprétation du rôle-titre des Mad Max lui forgeait une réputation de boule de nerf indomptable, maître de l’action violente décomplexée. Outre quelques bluettes romantiques, ses succès hollywoodiens développaient une autre facette, l’humour insolent : muscle, culot et fantaisie. Un an plus tard, il réalisait son deuxième film, le plus abouti, Braveheart qui allait le conduire vers un univers mystico-guerrier d’où il a, aujourd’hui, du mal à sortir.

Maverick était la quatrième collaboration de Gibson avec le réalisateur Richard Donner, forts du succès des Arme fatale. Au passage, vous noterez l’apparition amusée du troisième larron, Danny Glover, le temps d’un private joke, d’un clin d’œil musical et d’un : « J’suis trop vieux pour ces conneries ! ». 

Autre clin d’œil attachant, le contre-point à la fougue et l’insouciance de Bret Maverick est offert par un personnage plus âgé, prudent et rabat-joie, malicieusement campé par James Garner. Qui n’est autre que le Maverick historique. L’acteur qui campa le personnage cinq années durant dans la légendaire série de télévision qui le rendit célèbre. Avant de le reprendre 20 ans plus tard, toujours pour la télévision.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SHANGHAI KID (SHANGHAI NOON, TOM DEY, 2000) ou encore CASINO ROYALE (MARTIN CAMPBELL, 2006) .

Plus qu’un clin d’œil à la télévision des années 50, berceau du personnage Maverick, les premières images du film rendent hommage à ce qu’il est convenu d’appeler la mythologie du 7e art américain. Le ragtime qui accompagne le générique n’est pas sans évoquer ceux de Scott Joplin qui illustraient L’Arnaque de George Roy Hill. La première image et le regard tendu en très gros plan évoque les duels les plus violents des westerns de la grande époque. C’est toute la philosophie des pionniers américains qui est là résumée : de sublimes et immenses espaces vierges où tout est possible, et la foi de tout un chacun en sa capacité à s’en sortir même dans la plus grande adversité.

Du reste, cette séquence d’ouverture brise la linéarité du récit, créant un flash-back de 1h14. On comprend bien sûr la volonté de Donner : imposer la notion de danger réel que la légèreté du ton de comédie aurait d’entrée minimisé. Autre curiosité dans la structure du film : la dernière partie se focalise sur les seuls enjeux du poker, imposant au film de changer de registre. Et le condamnant aussi à résoudre toutes les intrigues précipitamment à la fin, une fois le tournoi terminé. Du coup, s’enfilent une avalanche de rebondissements, hélas tous plus abracadabrants les uns que les autres.

L’Arnaqueur, autre film avec Paul Newman (à ne pas confondre avec L’Arnaque) parlait de billard. Comme Maverick son héros adoptait une stratégie parfaitement huilée : se faire passer pour un idiot, un loser, pour mieux observer ses concurrents puis les surprendre pour toujours mener le jeu. Ici tous les personnages sont cyniques, manipulateurs, arnaqueurs, menteurs et voleurs, même entre amis, même les Indiens, les représentants des forces de l’ordre, les protecteurs moraux... Dommage que Maverick s’amadoue finalement pour être généreux et grand seigneur, les fades bons sentiments noyant vite le réjouissant mauvais esprit.

C'est frais, c'est fun, dynamique, et rondement mené, avec Mel Gibson et Jodie Foster qui ont, on le sent, pris beaucoup de plaisir à jouer dans ce film. Et le clin d'œil avec Danny Glover est juste excellent ! Une sorte de western parodique comme je les aime. Le scénario ...

-Vieille crapule décrépite ? Pas foutu de voler l'argent d'un mort ? Tu as un demi-million dans cette sacoche. Tes révolvers sont à 3 mètres de toi. C'est pas bien, c'est pas bien du tout. -Ah ouais je reconnais. Je sais maintenant lequel de vous deux a éliminé l'autre. ...

Brett Maverick (Mel Gibson) est un joueur de poker professionnel. En route pour le tournoi de poker du siècle, il va rencontrer Annabelle Bransford (Jodie Foster) , une jeune et ravissante joueuse sans scrupule et Zane Cooper (James Garner) , un marshal sinistre. Le voyage s'annonce ...