MADEMOISELLE DE JONCQUIÈRES

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On peut habiter dans le plus joli des châteaux, s’habiller des plus belles étoffes, se parer des plus précieux bijoux et se targuer des manières les plus raffinées mais cacher sous ces artifices un caractère des plus grossiers…

Prenez Madame de La Pommeraye par exemple : une des plus magnifiques femmes du royaume, courtisée par les plus solides partis de l’aristocratie. Elle choisit pourtant le Marquis des Arcis, libertin notoire, frivole et insouciant. Quelques temps après leur mariage, l’époux se lasse et la quitte. La vengeance de la noble abandonnée sera terrible, grâce à une manipulation digne des plus grandes stratèges… Qu’importe le mal qu’elle pourra bien causer, pourvu que sa propre douleur soit (croit-elle) apaisée…

Emmanuel Mouret signe avec Mademoiselle de Joncquières un thriller amoureux d’une beauté fascinante, dont la modernité du propos et du ton doit beaucoup à ceux qui le portent : Cécile de France, Edouard Baer et Alice Isaaz…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver GATSBY LE MAGNIFIQUE (La vengeance amoureuse peut parfois pousser un coeur trahi aux pires extrémités : Emmanuel Mouret comme Baz Luhrmann en donne deux exemples saisissants...) ou encore LES LIAISONS DANGEREUSES (On peut porter de belles tenues, d'exquis maquillages, une noble particule : on n'en reste pas moins humain et donc faible, faillible surtout au niveau des sentiments...).

Les amateurs du cinéma d’Emmanuel Mouret auront dans doute été décontenancés par cette Mademoiselle de Joncquières. Ceux qui, jusqu’ici étaient réfractaires aux films du réalisateur comme Un baiser s’il vous plait !, Fais-moi plaisir !, Une autre vie ou Caprice, marqués par une écriture très rohmérienne, auront eux été fort heureusement surpris ! En adaptant un passage du roman « Jacques le fataliste et son maître » de Denis Diderot cinq ans avant la Révolution Française, le cinéaste se frotte à un genre très risqué et redouté par bien des producteurs français : le drame amoureux en costumes.

Qui dit film historique dit forcément reconstitution et donc gros budget. Tout le talent de Mouret a été de se focaliser sur le texte des dialogues qu’il a lui-même écrit et des décors minimalistes mais immédiatement cohérents avec l’imagerie de ce 18e siècle dans lequel se déroule l’intrigue. Résultat : on a l’impression d’une grosse production alors qu’elle est de taille très moyenne ! Il faut dire que d’autres film du même genre et de la même ambiance n’ont eux pas lésiné sur les moyens. Prenez Les liaisons dangereuses par exemple. A partir du roman de Choderlos de Laclos, Stephen Frears en 1989 a construit un implacable polar sentimental où la vengeance par sentiments interposés joue le premier rôle aux côtés de Glenn Close, John Malkovich, Michèle Pfieffer, Keanu Reeves et Uma Thurman. Milos Forman avec Valmont a d’ailleurs joué sur la même gamme, à partir du même livre et cette même année 89, mais grâce à des acteurs différents : Colin Firth et Annette Bening principalement…

Costumes, noblesse, éclairage à la bougie et vengeance encore avec Barry Lyndon de Stanley Kubrick en 1975 dans lequel Ryan O’Neal incarne un déserteur ambitieux qui, à coups d’intrigues, de mensonges et d’espionnage, va grimper un a un tous les étages de la haute société, avant de les dévaler quatre à quatre jusqu’à sa chute tout aussi vertigineuse…

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