MADELEINE COLLINS

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Une femme peut-elle avoir une double vie ? Comme les hommes le font parfois, peut-elle avoir deux familles différentes avec des enfants dans chacune d’elles, sans que l’autre foyer ne le sache? C’est le défi qu’a tenu à relever Antoine Barraud, qui se revendique comme un cinéaste de l’identité. 

Côté face, Judith vit à Paris auprès de son mari, chef d’orchestre et de ses deux garçons. Traductrice internationale, elle justifie ses nombreuses absences par ce métier prenant qui l’envoie aux quatre coins de l’Europe. Côté pile, elle retrouve chaque semaine en Suisse Abdel et la petite fille qu’elle élève avec lui, Ninon. 

D’un côté la vie mondaine et bourgeoise, de l’autre le quotidien simple d’une famille aimante. Tout semble parfait jusqu’au jour où cette dualité bien huilée commence à se fissurer. A trop vivre dans le mensonge, Judith commence à se perdre et à mélanger toutes ses identités. Mais est-elle seulement double ?

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DOUBLES VIES (Olivier Assayas élève au carré le principe de l'infidélité dans un couple de 20 ans qui se trompe mutuellement ou presque) ou encore CÉSAR ET ROSALIE (Rosalie aime César et David, autant l'un que l'autre. La quintessence du trio amoureux à la française).

La première et principale prouesse du film tient évidemment à la subtilité d’un script à tiroir. C’est le réalisateur Antoine Barraud qui l’a imaginé et il lui a fallu plusieurs années pour en arriver au bout. " Il fallait un scénario avec une armature très précise à laquelle on pouvait difficilement ôter quoi que ce soit. Chaque information comptait, reconnaît-il. " Or, un film indépendant au budget limité nécessite souvent des aménagements. Il a donc fait appel, les deux dernières années d’écriture, à Héléna Klotz, pour l’aider le peaufiner afin que le propos reste limpide, Construit comme un thriller, le film se déroule au gré des mensonges permanents que doit inventer Judith pour ne pas être démasquée.  

La bonne idée a été de confier le rôle de Judith à Virginie Efira qui fait ici des prouesses. Aussi crédible en bourgeoise parisienne à la vie mondaine surchargée qu’en mère de famille aimante, elle parvient à jouer de ses multiples identités avec un naturel désarmant. Manipulatrice, parfois perverse jusqu’à la folie, elle illumine littéralement le film à la manière d’une héroïne hitchcockienne qui finit par être prise dans ses contradictions. Virginie Efira s’y est préparée de manière originale, en répétant la gestuelle différente qu’elle devait utiliser suivant la famille où elle se trouvait ou en écoutant Fall des Daft Punk ou la musique du film Vertigo pour perdre le contrôle.

Virginie Efira est parfaitement entourée des deux acteurs qui jouent ses compagnons, Bruno Salomone et l’espagnol Quim Gutierrez, Elle a pour mère Jacqueline Bisset. « J’aime les stars, avoue Antoine Barraud et les cinéastes à qui il aime confier des rôles. Valérie Donzelli interprète ainsi une cantatrice tandis Nadav Lapid, réalisateur israélien du Genou d’Ahed, joue de sa voix unique pour confronter Judith. Dans ses films précédents, Antoine Barraud avait invité Mathieu Amalric, Bertrand Bonello, Kenneth Anger ou Barbet Schroeder à rejoindre son plateau.

Pour commencer on ne peut que saluer un casting judicieux, évidemment Virginie Efira qui permet une empathie certaine, un Bruno Salomone en parfait contre-emploi, jusqu'au jeune Thomas Gioria dont la présence crée un lien subliminal avec son drame dans "Jusqu'à la Garde". On ...

Nouveau film d’Antoine Barraud, réalisateur de l’étrange Le dos rouge (2015) et mon dernier de l’année 2021 vu en salle. J’ai trouvé le film très bien fait. La mise en scène est discrète, élégante, soignée. Le scénario est parfaitement construit, ouvrant petit ...

Sympa. Pas entièrement convaincu, mais ça reste sympa à suivre.Le personnage est intéressant. Mais l'auteur commet l'erreur de révéler le trouble de son héroïne petit à petit, si bien que le spectateur est un peu confus, surtout quand il comprend que tout n'est ...