MACBETH

en VOD

MACBETH est l'un des films les plus expérimentaux d'ORSON WELLES, celui qui devait restaurer son crédit aux yeux d'Hollywood, et qui contribua au contraire à son exil européen. Car en 1947, le réalisateur est dans une situation difficile : il a enchaîné plusieurs échecs commerciaux, s'est vu retirer la confiance des studios, il est en train de divorcer de RITA HAYWORTH et a accumulé les dettes.

Déterminé à prouver qu'il est encore un cinéaste avec lequel il faut compter, il se tourne vers les studios Republic Pictures, spécialistes de séries B, pour démontrer qu'il est capable, malgré un budget très réduit, d'adapter Shakespeare au cinéma et de rendre l'affaire rentable. Il choisit MACBETH, qu'il vient de mettre en scène au théâtre, et se débrouille donc avec les moyens du bord, allant jusqu'à récupérer pour unique décor les fausses pierres servant habituellement aux westerns de seconde zone tournés par le studio.

Le tournage est bouclé en 23 jours, le budget, on ne peut plus modeste, est tenu … mais le miracle n'a pas lieu : éreinté par la critique européenne, le film reçoit un accueil tout aussi froid aux Etats-Unis. Republic Pictures exige d'ORSON WELLES qu'il modifie son montage, faisant de MACBETH l'un des nombreux films maudits de Welles, mais aussi l'un de ses plus puissants, largement réhabilité depuis et présenté ici dans sa version originale.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver OTHELLO ou encore RIO GRANDE .

Soixante plus tard, on reste effaré de la radicalité des choix d'ORSON WELLES quant à la mise en scène de ce MACBETH primitif et sauvage. Son adaptation expressionniste de Shakespeare est à l'opposé des standards de l'époque, incarnés par le Britannique LAURENCE OLIVIER, qui s'est attaqué le premier à la transposition au cinéma des pièces du dramaturge avec HENRY V. Pas de chance pour ORSON WELLES : en 1948, LAURENCE OLIVIER vient de terminer HAMLET, qu'il a tourné avec un budget très luxueux et suivant un découpage classique. Son film est présenté au festival de Venise en même temps que MACBETH, et la préférence du public, comme celle de la critique va à la tradition shakespearienne : HAMLET remporte le Lion d'Or.

De son côté, ORSON WELLES est contraint de revoir sa copie : le patron de Republic Pictures l'oblige non seulement à raccourcir son film – qui sera amputé de 21 minutes – mais il lui demande aussi d'ajouter un prologue explicatif et de réenregistrer la bande son. Le parti pris de WELLES de faire parler ses personnages avec l'accent écossais est en effet jugé désastreux, puisque incompréhensible par le public américain moyen. WELLES s'incline mais il ne se décourage pas pour autant.

Il profite même de son exil européen pour poursuivre sa recherche esthétique via l'adaptation shakespearienne. Il transposera à l'écran deux autres pièces du dramaturge : OTHELLO, qui lui vaut la Palme d'Or du festival de Cannes en 1962, puis FALSTAFF. Son projet d'adaptation du ROI LEAR fait en revanche partie des rêves inaboutis de WELLES, aux côtés de son DON QUICHOTTE ou de FOUR MEN ON A RAFT, film semi documentaire qu'il avait commencé à tourner au Brésil en 1942 et qu'il ne pourra jamais achever.