LES PETITS FLOCONS

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Connaissez-vous le syndrome du moniteur de ski ? Non ? Normal, c'est une pathologie non répertoriée. Voire peut-être bien une invention de Joséphine de Meaux pour parler d'une affection bien réelle : cette manière dont il faut soudain accepter que la vie, qu'on nous promettait comme géniale quand on était enfants, s'avère en fait assez plate voire décevante quand on est adulte.

Pour l'actrice-réalisatrice, cette révélation est souvent la faute des moniteurs de ski, qui serait l'un des premiers amours de la plupart des adolescentes lors de vacances d'hiver. Un cas qui saute aux yeux de Wanda dans Les petits flocons. Quand elle s'aperçoit que sa fille est en train de succomber au charme de son mono, ses propres souvenirs d'amourette remontent à la surface alors que son quotidien, dans son couple, son boulot et sa famille est une crise permanente.

Les petits flocons est de ces comédies de mœurs qui ont un petit plus : ces tiroirs qui s'ouvrent peu à peu pour révéler des zones sensibles, se rapprocher peu à peu de choses personnelles, d'un bilan. Pour le cas présent, celui d'une femme bousculée par la quarantaine approchante, forcée à faire le point sur ses frustrations, mais surtout laisser de côté l'enfant qu'elle était pour enfin devenir une adulte. Dans Les Petits flocons,on apprend à se tenir debout sur ses jambes et dans sa tête comme sur des skis : en prenant pas mal de gamelles pour mieux savoir se relever.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA PREMIÈRE ÉTOILE (Une autre comédie suivant une famille en vacances d'hiver) ou encore LES BRONZÉS FONT DU SKI (La fameuse suite des Bronzés se déroule comme Les petits flocons dans une station de ski).

Avant de se lancer dans son premier long métrage avec Les petits flocons, Joséphine de Meaux s'est faite la main avec La mélancolie des télésièges. Ce documentaire contenait un peu plus que les bases de son futur film : De Meaux y partait avec une amie à elle dans des stations de ski, afin de venir à bout de son syndrome du moniteur de ski. De l'interrogation d'un déni de névrose a l'univers montagnard, Les petits flocons était déjà là, jusque dans son ton, entre chronique improbable et drôlerie.

Le passage au long métrage a toutefois été provoqué par un heureux accident : au moment de partir tourner La mélancolie des télésièges, De Meaux contracte une phlébite. Plutôt que de renoncer, elle y voit un signe lui indiquant qu'elle touche bien à son inconscient. La phlébite sera intégrée au documentaire comme plus tard à la fiction, lorsque Wanda, son personnage des Petits flocons, en souffre elle aussi, mais ce n'est que la manifestation apparente d'une crise plus profonde. Elle développera ce point de départ avec Jeanne Herry, une copine depuis le conservatoire, elle-même future réalisatrice d'Elle l'adore et Pupille, qui l'amène à construire l'entourage de Wanda, de Thomas, son mari à Sami, le prisonnier qu'elle veut à tout prix réinsérer ou Adam, son fils faisant face à une peine d'amour.

Tous sont, à des degrés plus moins divers, a fleur de peau, cherchent à se libérer d'un poids sur leurs épaules. Pour les interpréter, De Meaux a fait appel à des familles de comédie très différentes, Grégoire Ludig un des deux piliers du Palmashow, Gustave Kervern, un des fondateurs de Groland ou Thomas Scimeca, membre de la troupe des Chiens de Navarre, mais ayant en commun cette capacité à incarner des antihéros du quotidien, tout en failles, en vulnérabilités. Mais aussi ces restes d'innocence enfantine qui les connectait forcément à un film qui cherche à la rattraper par crainte qu'elle ne glisse définitivement entre les doigts.

En fait ce n'est pas une comédie. En tout cas pas comme on les fait depuis le milieu des années 2000. On se rapproche plus du cringe comedy de Wilfried ou des premier Quentin Dupieux, sans la sensation "redescente de drogue" L'humour absurde, la saveur surréaliste vient de ...