LEOPARDI : IL GIOVANE FAVOLOSO

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On peut être un immense poète, reconnu et célébré par tous les grands penseurs de son temps et passer totalement inaperçu au regard du commun des mortels… C’est le cas de Giacomo Leopardi, un des phares culturels du 19e siècle, considéré comme le plus bel esprit transalpin avec Dante, ce qui est loin d’être un enfer… 

Le film de Mario Martone va dans  quelques instants réparer une injustice que les plus lettrés d’entre vous considèrent sans doute comme une faute. Leopardi n’a toute sa vie vécu que pour et par les livres, les textes et la culture. Une existence entièrement tournée vers la métaphysique des choses qui lui vaut d’être considéré aujourd’hui comme le maître à penser de sommités comme Shopenhauer, Nietzsche ou Freud. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MR TURNER (Qu'ils soient peintres ou écrivains, l'oeuvre des artistes est connue. Leur vraie vie l'est souvent moins... Ces 2 films remédient à cette lacune !) ou encore BEAUMARCHAIS L'INSOLENT (On ne connait d'eux que le contenu parfois sulfureux ou irrévérencieux de leurs écrits... Leur parcours est tout aussi passionnant !).

On imagine mal de ce côté des Alpes l’importance de l’oeuvre de Leopardi en Italie. Le poète est chez nos voisins l’équivalent pour nous d’un Molière ou d’un Hugo. Poète et témoin de son temps, il a marqué à jamais l’histoire grâce à des écrits qui en disent beaucoup sur l’évolution des choses et la révolution des esprits au 19e siècle. Le parcours de l’homme qu’il fut est également très important, un bel esprit emprisonné dans un corps disgracieux, frappé par la maladie, (notamment le choléra), le cœur brisé par sa passion sans lendemain pour la belle Fanny, (interprétée par Anna Mouglalis)… 

Mario Martone a pu compter sur deux éléments essentiels pour bâtir au mieux son film. Tout d’abord la masse de textes, livres, poèmes et lettres laissés par l’artiste à sa mort. Il y avait dans tout cela de quoi cerner sa pensée bien entendu mais aussi esquisser un portait le plus fidèle possible de l’homme. La famille Leopardi a de son côté parfaitement compris la portée du projet, en ouvrant au cinéaste les portes de sa maison, où de la bibliothèque à sa chambre à coucher, rien n’a changé depuis la disparition de Leopardi en 1837 à Naples… 

Le film est intéressant dans son traitement des contraires et des oppositions : liberté poétique/cadrage familial ; mélancolie/beauté littéraire ... De plus, il y a une sobriété et une volonté de fuir le clinquant, l’événement fondateur comme dans de nombreux biopics ...

(...)La narration du film est volontairement chronologique et très classique. Les scènes dialoguent peu entre elles, comme des touches impressionnistes qui laissent entrevoir le tableau final qui est – évidemment – le portrait de Leopardi, l’homme derrière le poète. ...

Par son côté un peu mystérieux et disons le abscons, « Leopardi, il giovane favoloso » nous fait nous poser la question de la vocation d’un biopic. Habituellement ce genre cinématographique donne des signes forts ou des clés sur tout ou partie de la vie d’une personnalité, ...