LE VOYAGE FANTASTIQUE

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Votre corps est un paysage. Votre corps est un gouffre et un labyrinthe peuplé d’étranges créatures. Et c’est dans le corps d’un homme que se déroule Le voyage fantastique de Richard Fleischer, un film américain de 1966, où un sous-marin et son équipage sont miniaturisés et injectés à un scientifique pour le soigner.

Sur fond de guerre froide cette œuvre fantastique a marqué les esprits, de par la qualité de ses effets spéciaux, mais aussi par sa pédagogie. Découvrir le corps de l’intérieur est une aventure que les sondes et mini-caméra des techniques de chirurgie non invasive permettent aujourd’hui. Bref la réalité a rattrapé la fiction. Mais la poésie de ce voyage demeure avec un équipage emmené par Stephen Boyd, avec Donald Pleasence et Arthur Kennedy. Et surtout la belle Raquel Welch. Elle, vraiment, on l’a dans la peau et dans les globules…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'HOMME QUI RÉTRÉCIT DE JACK ARNOLD (1957) (A la fin des années 50 le cinéma de sciences-fiction américain explore toutes les évolutions de la technologie et se lance dans des films d'aventures extravagants. La miniaturisation devient un des thèmes de ces fantasmagories.) ou encore LES VOYAGES DE GULLIVER DE DAVE FLEISHER (1939) (Un joli film d'animation, inspiré du récit de Jonathan Swift, où l'homme est confronté aux deux infinis. Ce plaidoyer pour la paix, la tolérance et la compréhension entre les êtres reste une fable universelle plusieurs fois adaptée au cinéma.).

Le film de sous-marin est un genre très fréquenté que les cinéphiles aiment particulièrement. Le film de sous-marin dans le corps humain est donc un sous-genre avec ce chef d’œuvre qu’est Le voyage fantastique qui aurait pu être écrit par Jules Vernes. Je cite Jules Vernes parce que Richard Fleischer avait réalisé pour Disney le très beau Vingt mille lieux sous les mers en 1954. Un grand film de sous-marin.

Mais si l’on s’aventure dans ces récits de science-fiction quantique et quasiment pascaliens, on fera encore référence à L’homme qui rétrécit de Jack Arnold en 1957 autre œuvre d’angoisse existentielle. Science sans conscience n’est que ruine de l’âme disait Rabelais, ce que tout le cinéma de SF américain de la fin du XXe siècle ne cessera d’illustrer. Richard Fleisher d’ailleurs signera un autre chef d’œuvre Soleil vert en 1973 vision apocalyptique de la pollution future et de la crise alimentaire qui en découlerait.

Mais revenons au Voyage fantastique… Pour filmer les plongeurs dans l’hémoglobine on les suspendit à des câbles en studio et on les filma en vitesse accélérée. Projeté à vitesse normale leurs mouvements évoquent les évolutions des corps en milieux marins. Tous les effets spéciaux sont traditionnels, rien de numérique à l’époque. Ils en inspirèrent bien d’autres, jusqu’aux animations de parc à thème de Disney et la plongée dans le corps humain pour certains films médicaux des années 70. Il faut signaler que la durée d’action du film lors de la plongée coïncide exactement avec le temps imparti aux aventuriers : une heure…

Enfin le grand écrivain de science-fiction Isaac Asimov écrivit une novellisation du script en 1966. Mécontent de ce travail il récrivit vingt ans plus tard une version personnelle Destination cerveau qui ne connut aucune adaptation cinématographique. Cette histoire était un peu comme une maladie auto-immune…