LE PROCÈS DE L'HERBORISTE

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Combattre la maladie avec les armes de la nature, c’est ainsi que Jan Mikolášek définissait son travail. Cet herboriste tchèque, né en 1889, passionné par les plantes depuis toujours, a exercé aussi bien pendant l’occupation nazie de son pays que sous le régime communiste après guerre.

Les puissants comme les plus modestes sont passés par son cabinet. Mais le succès de ce guérisseur a fini par agacer les autorités politiques qui l’accuseront de charlatanisme. Tombé dans l’oubli, le personnage reste assez mystérieux. Le Procès de l’herboriste nous invite à le découvrir. L’homosexualité fait partie du jardin très secret de Mikolášek et sa relation avec son assistant constitue l’une des facettes dévoilées par le scénario.

Après avoir signé L’Ombre de Staline, la polonaise Agnieszka Holland est retournée à Prague, où elle a étudié le cinéma dans sa jeunesse, pour filmer ce portrait.  Celui d’un homme qu’elle décrit comme un être qui a « toute l’ambiguïté de quelqu’un qui fait le bien mais qui est aussi capable de choses terribles ».

 
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Les tout premiers plans du Procès de l’herboriste font penser au début de ce classique des classiques qu’est Citizen Kane d’Orson Welles : gros plan sur le dernier souffle d’un vieil homme, infirmière qui se penche sur le mourant. Sauf qu’ici on ne s’intéressera pas au personnage qui trépasse mais à un guérisseur qu’il a protégé. La chute de Jan Mikolásek a en effet débuté après la mort de son protecteur Antonín Zápotocký, président de la Tchécoslovaquie de 1953 à 1957. Mikolásek lui avait évité l’amputation d’une jambe gangrenée, après son retour d’un camp de concentration nazi. Cela dit, comme dans Citizen Kane, le film d’Agnieszka Holland s’attache à cerner un individu peu sympathique, capable d’être aussi violemment blessant avec ses proches que profondément charitable avec des patients démunis.

L’approche du personnage a d’ailleurs créé des tensions entre la réalisatrice et Ivan Trojan, qui incarne Mikolásek. Pour la cinéaste, « le personnage principal n’est ni bon ni méchant. Or, Ivan Trojan voulait l’emmener vers la lumière et moi je le tirais vers l’ombre ». Agnieszka Holland explique que le comédien a une éthique très forte et que cela lui posait des problèmes d’interpréter un personnage ambigu.

Bien que Le Procès de l’herboriste se situe dans le passé, Agnieszka Holland n’a pas de goût pour la reconstitution minutieuse sans résonance avec le présent. « Si un personnage historique ne s’actualise pas, s’il n’est pas « révélant » et révélateur pour moi, cela ne m’intéresse pas ». En termes de mise en scène, la cinéaste confie que le choix des mouvements de caméra s’est imposé au fil du tournage. Les prises de vues ont commencé par la période où le personnage est âgé et, lors de cette première semaine sur le plateau, malgré diverses tentatives, « la caméra n’a pas voulu bouger ! » Il a fallu se rendre à l’évidence : ce qui était raconté imposait une caméra statique. En revanche, par la suite, au moment de filmer les plans où le personnage est plus jeune, la caméra s’est rendue plus mobile pour retracer cette période la vie de Mikolásek.

Autant que Gareth Jones, le héros de L'ombre de Staline, Jan Mikolášek. est un parfait inconnu en nos contrées, un citoyen tchécoslovaque, qui a consacré sa vie à soigner ses patients par les plantes, jusqu'aux plus hauts dignitaires nazis, pendant la guerre, ou communistes, ...