LE PLUS BEAU PAYS DU MONDE

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Le 14 octobre 1943, à l’opéra Garnier le tout-Paris se presse pour assister à la première du film Mermoz. Le producteur et le réalisateur du film sont bien sûr présents ainsi que Héléna Manson, l’actrice qui joue Madame Mermoz. Etonnamment Robert-Hughes Lambert, l’interprète principal choisi pour sa ressemblance avec le fameux pilote, n’est pas là. Et pour cause, il a été arrêté dans une rafle anti-homosexuelle, quelques semaines plus tôt, et déporté à Buchenwald.

Le Plus beau pays du monde retrace sous une forme romancée et sur le ton de la tragicomédie le tournage de cette biographie édifiante comme les aimait le cinéma de Vichy. Marcel Bluwal, reconstitue ainsi l’ambiance particulière des studios sous l’Occupation. Pour évoquer ces coulisses il réunit une affiche nombreuse et prestigieuse : Claude Brasseur, Jean-Claude Adelin, Jacques Bonnaffé, Marianne Denicourt, Thierry Lhermitte ou encore Jean-Pierre Cassel et même Laurent Gerra.

Le scénario est signé Jean-Claude Grumberg qui a déjà travaillé avec Marcel Bluwal notamment pour Thérèse Humbert et Musicl Hall, deux téléfilms interprétés par Simone Signoret. Jean-Claude Grumberg est par ailleurs coauteur, pour la partie dialogues, du Dernier Métro de François Truffaut.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LAISSEZ-PASSER (Une évocation des studios de cinéma français sous l'Occupation) ou encore MERMOZ (C'est le tournage de ce film de Louis Cuny que retrace LE PLUS BEAU PAYS DU MONDE).

Le Plus beau pays du monde a permis au réalisateur Marcel Bluwal de renouer avec le grand écran 35 ans après son précédent long métrage Carambolages interprété par Jean-Claude Brialy et Louis de Funès. Entretemps, Bluwal est devenu l’une des figures majeures de la télévision française avec, parmi bien d’autres, son Dom Juan incarné par Michel Piccoli ou encore la série Vidocq avec Bernard Noël puis Claude Brasseur. Le cinéaste explique qu’en cinquante ans d'activité au théâtre, au cinéma ou à la télévision, il n’avait jamais parlé de l'Occupation de façon directe. Le Plus beau pays du monde lui a fourni l'occasion qu’il attendait. D'autant que cette affaire Mermoz permettait de montrer la totalité de la société française à travers un microcosme : le monde des spectacles et des studios.

Marcel Bluwal  a vécu douloureusement cette période de la guerre en raison de son origine juive. Au moment où se tournait Mermoz il avait 17 ans. Après la rafle du Vel d'hiv, il a dû, comme Anne Frank, rester caché pendant 27 mois avec sa mère dans une petite pièce. Il s’est alors gavé de revues et de livres de cinéma. Cinquante-cinq ans plus tard, sur le plateau de son Plus beau pays du monde, Claude Brasseur a reçu la visite de sa mère Odette Joyeux qui s’était remariée avec Philippe Agostini, un directeur de la photo réputé. Agostini avait été assistant à la caméra sur Mermoz et de voir reconstituée cette ambiance lui a rappelé des choses particulièrement dures.

A chaque tournage ses problèmes et ses difficultés : Le Plus beau pays du monde a connu aussi des péripéties. Le producteur Jean Nainchrik raconte qu’une fois les prises de vues finies, André Tranché, qui avait produit Mermoz en 1942 et a inspiré le personnage de Couperin campé par Jacques Bonnaffé, a voulu empêcher la sortie du film en l’attaquant par référé. Selon Tranché, la fiction le faisait passer pour antisémite. Finalement Tranché sera débouté et, dans l’intervalle, Jean Nainchrik avait pris connaissance d’une lettre de la maison de production d’André Tranché adressée au Maréchal Pétain où il se proposait de présenter son film Mermoz au Maréchal…