LE PIÈGE À CONS

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On ne change pas Jean-Pierre Mocky…Aujourd’hui comme en 1979, date de sortie du film que vous allez regarder, l’anarchiste du cinéma français a toujours utilisé sa caméra comme une banderole de manif ! Ses films sont autant de slogans, jetés à la face d’un système et d’une société qu’il déteste, tout en s’en servant pour faire avancer sa cause et son œuvre.
Et justement, Le piège à cons s’intéresse à un ancien soixante-huitard, exilé en Afrique après le mouvement révolutionnaire de ce fameux mois de mai, et qui revenant à Paris découvre que rien n’a vraiment changé. Sous les pavés, il y a peut-être la plage mais surtout l’argent, la corruption et les magouilles.

Face à ces redoutables moteurs qui, d’après Mocky, gouvernent et gangrènent la République, un combat perdu d’avance va alors s’engager, pour que triomphent enfin les idées de liberté, d’égalité et de fraternité…C’est Mocky lui-même qui incarne ce Michel Rayan, contestataire engagé et militant, accompagné d’un très beau personnage féminin, (ce qui n’a pas souvent été le cas dans ses films), joué par Catherine Leprince.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'AN 01 (L'an 01, qui survient juste après mai 68 pour les contestataires. Une critique du système politique en place, sous l'angle de la comédie sociale, d'après la BD de Gébé.) ou encore LA CHINOISE (Un an avant, une préfiguration de Mai 68 vécue de l'intérieur par une bande de cinq jeunes révolutionnaires, ou la lutte des classes en huis clos.).

Le piège à cons est à replacer dans une trilogie que beaucoup considèrent comme la colonne vertébrale de l’œuvre de Jean-Pierre Mocky. Solo en 1970 et L’albatros en 1971 avaient déjà pour décors les événements de mai 68 et pour héros ce Michel Rayan que l’on retrouve ici. Revenu d’une décennie d’exil volontaire à Djakrata, il retrouve un pays morose, désabusé, pollué par l’affairisme politico-financier. Le « RPP » dont Mocky dénonce les méthodes dans son film fait bien entendu écho au RPR tout puissant de la fin des années 70. Avec la retenue et le sens de la mesure qu’on lui connait, le cinéaste n’a pas hésité à en faire une machine de guerre, n’hésitant pas à utiliser des méthodes quasi-criminelles pour parvenir à ses fins…


On est d’ailleurs là au cœur de toute la filmographie de Jean-Pierre Mocky. De ses débuts en 1959 à ses films plus récents, en passant par les morceaux de choix que sont Un drôle de paroissien, L’ibis rouge, A mort l’arbitre, Le miraculé ou Les saisons du plaisir, cet homme-là prend un malin plaisir à s’attaquer à ses cibles préférées : l’autorité, l’uniforme, la religion et donc la politique. « Tous pour un, tous pourris » semble-t-il nous dire, films après films, années après années. Un combat de Don Quichotte sans doute voué à l’échec, comme celui mené par Rayan dans Le piège à cons mais qui a le mérite et le courage d’exister. Mocky met en scène comme d’autres en leur temps écrivaient des pamphlets, tournant en un minimum de temps pour un minimum d’argent avec un minimum d’égards pour les acteurs.

Masochistes ou ravis, ils en redemandent en tout cas : depuis plus de 50 ans, tout le cinéma français a défilé devant la caméra d’un réalisateur connu pour ses coups de gueule ! Serrault, Poiret, Mitchell, Maillan, Bohringer, Blanc, Balasko ou Deneuve : on tourne pour lui comme on va à la fête foraine, certain que l’attraction mérite le détour, même si certains manèges donnent un peu mal au cœur !

Le Piège à cons est un polar satirique réalisé par Jean-Pierre Mocky, coécrit par Jacques Dreux et Patrick Granier... qui met en scéne un ex soixante-huitard et ancien prof de philosophie, Michel Rayan (joué par Jean-Pierre Mocky) qui de retour en France ou il découvre ...