LE PETIT NICOLAS, QU'EST-CE QU'ON ATTEND POUR ÊTRE HEUREUX

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Il avait raison Napoléon : un croquis vaut mieux qu’un long discours ! La preuve ici avec ce film d’animation dont la narration éblouit par la créativité qu’elle a suscité ; et dont elle est le fruit. Pour sa quatrième apparition sur le grand écran, le film d’Amandine Fredon et Benjamin Massoubre est à la fois une nouvelle aventure du Petit Nicolas et surtout son biopic, dans lequel interviennent ses créateurs : René Goscinny et Jean-Jacques Sempé. 

La magie naît ainsi de ces petits moments où Nicolas, s’extrait provisoirement de son univers pour pénétrer celui de ses créateurs, assis par exemple sur la machine à écrire de Goscinny, ou penché sur la plume de Sempé. Un mise en abyme sublime et pourtant remarquable de simplicité. Le film, bien au-delà du genre animation, devient ainsi une réflexion sur la création et un voyage poétique entre les pages d’un livre du Petit Nicolas. 

Sollicité par Anne Goscinny qui voyait en lui “une sorte d’héritier spirituel” de son père, Alain Chabat prête sa voix à l’auteur du Petit Nicolas. Grand admirateur de René Goscinny, il dit “Il y aurait des dizaines de tomes à écrire sur ce qu’il a apporté à la bande dessinée, au cinéma, live ou d’animation, à l’entrepreneuriat, l’humour et la culture en général." La voix de Sempé est assurée par Laurent Laffite habitué au doublage de films d’animation, comme pour The Grinch. “J’ai découvert l’univers de Sempé à l’adolescence. Je suis fasciné par cette acuité exceptionnelle."

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DUCK AMUCK (1953) (Où Chuck Jones était l'un des premiers à jouer la mise en abîme, jusqu'à interagir avec son personnage de Daffy Duck, héros de son cartoon.) ou encore LE PETIT NICOLAS (Tourné en prises de vues réelle, il est le premier des quatre adaptations du roman graphique de Sempé et Goscinny.).

L’audace qui consiste à faire sortir un personnage de son cadre animé pour interpeller son créateur, avait déjà été expérimentée par le grand Chuck Jones dans un court-métrage dont Daffy Duck était le protagoniste (Duck Amuck, 1953). Mais Amandine Fredon et Benjamin Massoubre vont encore plus loin. Leur procédé permet de visualiser le dialogue - professionnel mais avant tout humain - qui s’établit entre deux créateurs, mais aussi, individuellement, avec leur créature. Il nous permet ainsi d’appréhender également quelle était la part autobiographique dans l'œuvre de Sempé et Goscinny. 

“Dans cette structure assez complexe mélangeant monde réel et espace de la création explique Benjamin Massoubre, nous avons construit une narration émotionnelle. Le cœur du film se situe dans le destin de ces deux hommes qui ont imaginé pour Le Petit Nicolas une enfance rêvée et développé un humour et un caractère solaire pour pallier des drames vécus dans l’enfance : la Shoah pour Goscinny et la violence d’un beau-père pour Sempé. A travers ce film, poursuit le coréalisateur, on raconte une histoire de résilience et la naissance d’une amitié. C’est à partir de là qu’est d’ailleurs apparu le sous- titre : « Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? »

Amandine Fredon, co réalisatrice du film a confié combien l’étape du montage s’est avérée essentielle. “Le montage est réalisé en amont pour éviter aux équipes d’animer des plans superflus, explique-t-elle. Il permet d’ailleurs souvent de résoudre des problèmes d’écriture car il révèle instantanément ce qui fonctionne, ou pas”. Les storyboarders ont ainsi tenu un rôle stratégique. Leurs dessins, dans leur première version brute, ont dans un premier temps été mis bout-à-bout, pour connaître la durée précise de chaque plan, avant de les fabriquer définitivement. Un cliché valant lui aussi un long discours, voilà tout simplement un véritable "travail d'orfèvre" !

C'est chouette de retrouver Le Petit Nicolas au cinéma, surtout après trois opus live inégaux phagocytés par les adultes têtes d'affiche en mode je-m'en-foutiste, comme lors de Vacances de sinistre mémoire. D'autant plus que ce retour prend la forme d'un film d'animation ...

Le Petit Nicolas a déjà investi les écrans depuis bien longtemps, pour devenir une franchise un peu aseptisée qui fleure bon la nostalgie et convie le casting français bankable du moment : c’est, en somme, devenu un morceau du patrimoine, déclinable à l’envi, au risque ...

Ce n'est pas tant une adaptation du Petit Nicolas qu'un dialogue entre ce personnage et ses auteurs, Goscinny et Sempé, et c'est la plus grande réussite de Qu'est ce qu'on attend pour être heureux? tant ce dialogue fonctionne. Tour à tour drôle, mélancolique ou instructif, ...