LE MONDE DE FRED

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"Le Monde de Fred, c’est le désir de réaliser un film en dehors du système de financement classique, au gré des opportunités. Avec un ingénieur du son, un opérateur image et une caméra prêtée, nous sommes partis sur les routes et dans les trains et nous avons tourné en dix-huit jours, répartis sur près de deux ans, selon les disponibilités des techniciens et des acteurs." C’est en ces termes que la réalisatrice Valérie Müller-Preljocaj résume la démarche qui a été la sienne pour mener à bien ce film pas tout à fait comme les autres. A quoi il faut ajouter l’investissement total de son acteur principal, Olivier Soler, également coscénariste. C’est ensemble qu’ils ont décidé de ne pas écrire un scénario préalable mais de se laisser porter par une histoire inventée au fil du tournage.

Le point de départ du film s’ancre dans le quotidien d’Olivier Soler. A l’époque, en effet, il gagne sa vie comme réalisateur et producteur de reportages axés sur des entretiens avec des footballeurs dont il est un interlocuteur privilégié. Mais, de son propre aveu, il juge cette expérience terriblement vide intellectuellement et totalement éloignée de ses envies. Emerge alors l’idée d’une errance professionnelle masquée par le confort, mais une errance douloureusement ressentie, avec le sentiment de ne pas être à sa place. Tel est donc le personnage principal du film qui se demande sans cesse qui il est et ce qu’il fait.

C’est dans ce contexte d’errance que Fred multiplie les rencontres insolites incarnées par Virginie Ledoyen, Vahina Giocante et Lorànt Deutsch, entre autres. Avec la volonté clairement affirmée des deux auteurs de mélanger la fiction et la réalité. Le spectateur finit par confondre les deux et ne sait plus qui joue son propre rôle ou pas. Autrement dit, un "surréalisme réel", pour reprendre l’expression d’Olivier Soler. Sans compter la présence sur l’écran de joueurs vedettes comme Franck Ribéry et Emmanuel Petit. Que le match commence…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES ACTEURS (Parce qu'on y croise aussi des acteurs dans leur propre rôle.) ou encore COUP DE TÊTE (Le film de Jean-Jacques Annaud se montre tout aussi sévère envers le milieu du football).

Fred est la figure emblématique du quadra qui doute de sa vie et cherche à se remettre en cause. Il aimerait bien changer de job et trouver la femme de sa vie. C’est donc sur cette trame somme toute assez classique que se fonde le film de Valérie Müller-Preljocaj. Mais l’essentiel de la trajectoire de Fred repose sur les rencontres que son métier ou sa vie intime l’amènent à faire. La crise de la quarantaine est ici transfigurée par un joueur allemand peu accommodant, un agent au bord de la crise de nerfs ou bien un écrivain arrogant et parano, sans oublier une Virginie Ledoyen dans son propre rôle.

Le film est assurément le reflet de la singularité des parcours artistiques de ses deux auteurs. Valérie Müller Preljocaj ainsi fait ses débuts dans la musique tout en menant des études de cinéma à la Sorbonne et en travaillant comme assistante de réalisation et de production. C’est alors qu’elle écrit et réalise plusieurs courts métrage dont un avec Marion Cotillard, dans le rôle principal et un autre avec Marina Foïs dans lequel l’actrice incarne Simone Veil au moment du vote de la loi sur l’IVG. Elle participe également à l’écriture de scénarios et produit en 2008 un documentaire d’Olivier Assayas intitulé Eldorado. 

Quant à l’acteur Olivier Soler, après avoir fréquenté des cours de théâtre, il a débuté au cinéma sous la direction de Jean-Claude Brisseau dans son film Choses secrètes. Multipliant les rôles au cinéma comme en télévision, il réalise par ailleurs un court métrage, Vices et services et revient également au théâtre en 2012 avec L’Heure d’après, une pièce qu’il a écrite et qu’il interprète.  Sa rencontre avec la réalisatrice Valérie Müller-Preljocaj date de 2006 quand elle le fait tourner aux côtés de Marina Foïs dans Les Hommes s’en souviendront.