LE MILIEU DE L'HORIZON

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Sous la chaleur accablante de l’été caniculaire de 1976, Le Milieu de l’horizon se met à hauteur du regard d’un adolescent confronté à des événements qui le marqueront à jamais. Il y a l’éveil des sens, les premières amours, mais aussi la mort qui s’abat sur les animaux assoiffés : une vache, son cheval ou encore les poulets qu’élève son père agriculteur…

Le jeune Gus -interprété par Luc Bruchez, nouveau venu au moment du film- va aussi surprendre sa mère échanger un baiser avec une femme, jouée par Clémence Poésy. Avec sensibilité et justesse, ce récit d’apprentissage décrit un passage mouvementé de l’enfance à l’âge adulte et se double d’une histoire d’émancipation féminine.

Laetitia Casta se glisse dans la peau de cette mère dévouée soudainement confrontée à la passion amoureuse. C’est en écoutant la comédienne parler à la radio de sa fonction d’ambassadrice d’Unicef que la réalisatrice Delphine Lehericey a eu la conviction qu’elle avait l’aplomb, la force nécessaire pour camper son héroïne. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CAROL (Une histoire d'amour au féminin : une femme en instance de divorce s'éprend d'une jeune vendeuse.) ou encore PETIT PAYSAN (Une autre fiction sur la condition paysanne et ses difficultés.).

La cinéaste Delphine Lehericey a été conquise sur le champ par le scénario qui a résonné en elle de façon intime. Comme Nicole, le personnage incarné par Laetitia Casta, elle est tombée amoureuse d’une femme alors qu’elle était en couple avec le père de son fils. La liberté de Nicole l’a bouleversée et elle s’est demandée : « est-ce que j’aurais eu son courage, si cela m’était arrivé dans les années 1970 ? »

Delphine Lehericey déclare qu’elle a voulu faire « un film résolument contemporain sur les enjeux de la fin d’un certain monde paysan, sur la fin de l’enfance qui plonge le héros dans le tourment de la condition des femmes et des hommes. » De fait on pourrait rapprocher Le Milieu de l’horizon d’une autre oeuvre comme Petit paysan qui évoque la condition paysanne actuelle mais la réalisatrice souligne en même temps qu’elle a signé un film d’époque. Elle s’est beaucoup documentée en plongeant dans les archives de l’INA et dans les longs métrages sortis en 1976-77, les réalisations de Joseph Losey et de Louis Malle dont elle revendique l’influence en matière d’image et de mise en scène. Elle a d’ailleurs insisté auprès de ses producteurs pour pouvoir filmer sur pellicule 35mm et obtenir une image « granuleuse et nostalgique ».

La réalisatrice étant d’origine belge et suisse, elle a d’abord pensé tourner en Suisse ou en Belgique l’adaptation de ce roman écrit par un Suisse romand. Puis elle a envisagé de planter ses caméras en France, mais elle a trouvé que les paysages provençaux, le côté Marcel Pagnol, ne conviendrait pas à son propos car elle souhaitait qu’on perde ses repères géographiques. Elle explique : « Je cherche avant tout à filmer une francophonie, au sens large du terme, se situant clairement en Europe, mais la question d’un lieu précis ne m’intéresse guère. L’objectif était de rendre le propos le plus universel possible. » Le tournage a finalement eu lieu en Macédoine qui promettait d’offrir a priori l’indispensable chaleur et des paysages plus secs qu’en Suisse et en Belgique où l’herbe aurait sans doute été bien verte, bien grasse !

Eté 1976. Sa canicule. Sur une route des campagnes françaises (même si le tournage s’est principalement déroulé en Macédoine, afin d’y retrouver des paysages suffisamment brûlés), un jeune garçon pédale de toute son ardeur. C’est Gus, intense et prometteur Luc Bruchez ...

Le cinéma de Delphine Lehericey, qui à priori ne paie pas de mine, m'a toujours intéressé par sa justesse et sa sincérité. Ici encore une fois l'auteure s'attache à un sujet banal avec cette histoire d'un garçon dont la vie se délite lors de l'été ...