LE MARIAGE DE ROSA

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D’abord actrice pour la télévision et le cinéma espagnole, Iciar Bollain a commencé sa carrière de réalisatrice en 1995 avec Coucou, tu es seule? poursuivie par des films comme Même la pluie, L’olivier ou encore Yuli. Le mariage de Rosa est son neuvième long métrage.

Alors qu’elle a toujours vécu pour les autres, Rosa, une costumière pour le cinéma, qui vit à Valence, décide, à la veille de ses 45 ans de reprendre le contrôle de sa vie. Mais très vite, elle découvre que son père, son frère, sa sœur et sa fille ont chacun pour elle des projets bien à eux et que changer le scénario familial n’est pas si simple.

La Rosa d’Iciar Bollain, c’est Candela Pena. L’actrice avait déjà travaillé avec la cinéaste pour son premier long métrage mais et aussi et surtout avec Pedro Amodovar où elle incarnait Nina dans Tout sur ma mère. Ici elle est entourée de Sergi Lopez et de Nathalie Poza pour une comédie légère, enlevée et très féministe.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ELLE S'EN VA D'EMMANUELLE BERCOT (Deux femmes qui ont besoin de repartir à zéro et de s'émanciper de leur quotidien) ou encore PHANTOM THREAD DE PAUL THOMAS ANDERSON (Dans les deux films, le monde de la couture permet d'explorer des personnages féminins forts).

Iciar Bollain a un parcours de cinéma atypique. Elle a commencé sa carrière en tant qu’actrice pour la télévision et le cinéma ibère, jouant dans des oeuvres de cinéastes tels que Victor Erice, Pablo Lorca ou encore Chus Guttierez. En 1995, elle joue pour Ken Loach dans son film Land and freedom sur la Guerre civile espagnole de 1936. Elle décide ensuite d’accompagner le réalisateur sur le tournage de son film Carla’s song afin d'écrire un livre sur cette figure de proue du cinéma britannique. Cet ouvrage s'intitule Ken Loach, un observador solidario et a été publié en 1996 par la maison d'édition El Pais-Aguilar.

C’est à peu près à cette période qu’elle se tourne elle-même vers la réalisation puisqu’elle sort son premier long métrage Coucou, tu es seule?. Un film d’aventure au féminin, un film d’émancipation qui marque aussi l’intérêt de la réalisatrice pour des sujets forts. Avec son deuxième long métrage, Flores de otro mundo, elle montre à la fois plusieurs aspects clés de l'histoire de l’Espagne et de l'évolution socioculturelle du pays. Avec Ne dis rien, elle s’intéresse notamment aux femmes battues et au machisme de son pays. Iciar est une femme engagée et elle le fait savoir notamment en créant en 2006 la CIMA, l'Asociación de mujeres cineastas y de medios audiovisuales (l'Association de Femmes cinéastes et des médias audiovisuels).

Sur un ton bien plus léger, Le mariage de Rosa poursuit ce travail féministe qui fait partie intégrante de l’ADN de la réalisatrice. Avec son personnage principal, elle explore la vie d’une femme qui ne rentre pas dans les carcans que la société lui impose, qui déjoue les attentes et qui le paie en devenant le tapis sur lequel tout le monde se permet de marcher. En choisissant de se marier à elle-même, elle réaffirme son indépendance, son statut de femme qui se suffit à elle-même mais aussi son existence propre aux yeux des autres. Et surtout de la famille, souvent premier cercle oppressif malgré lui.

Un autre titre pour ce film aurait pu être « la Famille de Rosa » tant le film raconte une double histoire : celle d’une famille et celle d’une femme très altruiste. Et le plus intéressant et sympathique est bien cette famille unie chaque jour ou presque par le rôle central ...

Réaliser une (très) bonne comédie, comme cela semble simple quand on regarde Le mariage de Rosa d'Iciar Bollain, un vrai modèle du genre. Tout est contenu dans son écriture, riche, vive et très attentive à l'ensemble de ses personnages, même les plus petits, et malgré ...