LE GOÛT DES AUTRES

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Il y a des duos qui marquent les époques. Et celui d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri fait bien partie de ceux-là. La créative et le râleur savent se mettre au diapason pour croquer le monde qui les entourent avec acuité, sensibilité et drôlerie. Et leur sommet a peut-être bien été atteint avec Le goût des autres, sorti en 2000. 

Réalisé par Agnès Jaoui, co-écrit par Bacri, le film suit Castella, un chef d'entreprise peu porté sur la culture. Pourtant, un soir, en allant par obligation assister à une représentation de "Bérénice", il tombe en adoration du texte et de l'actrice principale, Clara. Par une coïncidence, celle-ci va lui donner des cours d'anglais, nécessaires à son travail. Castella tente de s'intégrer à ce milieu artistique mais sans grand succès. 

Long métrage sur les a-priori, sur le mépris de classe et la violence du snobisme, Le goût des autres est une des oeuvres clés du début du XXIe siècle. Elle réunit, en plus du tandem, une pléiade d’acteurs allant d’Alain Chabat à Anne Alvaro en passant par Gérard Lanvin et Anne Le Ny.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES GOÛTS ET LES COULEURS DE MICHEL LECLERC (Dans une veine similaire, plus tournée vers la musique, ce film traite aussi des préjugés.) ou encore PARASITE DE BONG JOON HO (D'une manière plus extrême, ce film partage avec Le goût des autres une critique du mépris de classe).

Pour imaginer Le goût des autres, le duo Jaoui-Bacri, à l’époque en couple, ont réalisé que la très grande majorité, si ce n’est la totalité, de leurs amis et de leurs fréquentations faisaient partie du même milieu. « Et ce malgré l’ouverture d’esprit qu'on prétend ou qu'on essaye d’avoir » précise l’actrice, scénariste, réalisatrice et chanteuse. Et ce n’est pas seulement du fait des milieux artistiques, ce constat est valable dans toutes les autres strates de la société. Ce qui a peut-être d’ailleurs apporté tout son succès au film, chacun pouvant reconnaitre cet entre-soi dont l’on fait tous plus ou moins preuve, volontairement ou non. Et le snobisme qui en découle. C’est donc bien de ça que le tandem a voulu témoigner dans son film : notre difficulté à nous ouvrir, à comprendre l’autre et à passer outre nos préjugés. 

Mais au départ, Bacri et Jaoui n’étaient pas partis sur cette idée. Il voulait faire un film policier qu’ils ont abandonné au bout de trois mois, faute de réussir à s’approcher vraiment du genre dont il voulait traiter. Mais ils en ont conservé quelques personnages tels qu’un chauffeur, un garde du corps et une revendeuse de drogue. Quand ils ont eu l’idée de se lancer sur la question du mépris de classe vis à vis de ceux qui ne nous ressemblent pas, ils ont ajouté de nouveaux personnages. Pour obtenir un film choral, fédérateur, où se sont donc greffé une actrice de théâtre, un entrepreneur, l’épouse de celui-ci, l'ami homosexuel de l'actrice, une habilleuse, une femme séparée, un artiste peintre et un ingénieur. Et le duo se répartissait le travail ainsi : Agnès Jaoui au scénario, Jean-Pierre Bacri à l’écriture des dialogues. 

Pour jouer le rôle principal, Jean-Pierre Bacri s’impose, avec son air de râleur invétéré étonnamment émouvant quand il baisse la garde. Pour jouer la Clara qui renverse sa vie, c’est Anne Alvaro qui s’impose. La seule actrice « capable de jouer avec justesse Clara, l'actrice fragile, et la Bérénice de Racine » selon Agnès Jaoui qui la considère comme une comédienne « injustement méconnue ». A la réalisation, on retrouve cette dernière, dont le style s’inspire d’Alain Resnais, avec elle avait travaillé sur Smoking/No Smoking laissant un peu de côté les effets de mise en scène pour privilégier la puissance des dialogues. Au final, on obtient l’un des meilleurs films des années 2000.

Le Goût des Autres, c'est typiquement le genre de film pour lequel j'ai un à priori très négatif de prime abord. Les films français sur les relations humaines me laissent souvent une impression d'ennui profond, d'approche cérébrale inutilement lourde et surtout de manque ...

Le Goût des autres, c'est d'abord et avant tout un film d'acteurs. Le film de (et avec) Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri réunit un ensemble de personnages minutieusement choisis et assemblés, comme un puzzle humain et le résultat est tout simplement jubilatoire.La ...

On pense tout de suite à l'excellence des dialogues en évoquant cette comédie traitant des nos propres préjugés au quotidien. Les Jaoui/Bacri y décrivent une société très recluse sur elle-même où chaque geste, chaque mot nous enferment dans les stéréotypes que s'imaginent ...