LE CHANTEUR INCONNU

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Tourné au début du parlant par Victor Tourjansky, Le chanteur inconnu a un pitch que l’on pourrait qualifier de zinzin. Ecoutez donc …  Repéré par un camelot parisien au fin fond d’une contrée russe, un ténor amnésique est ramené en France par ce dernier pour y exploiter son talent. Mais une fois sur la capitale, le mystérieux chanteur est soupçonné d’être le mari disparu d’une femme qui, entretemps, s’est remarié à l’homme qui voulait le supprimer.

Co écrit par trois futurs grands Henri du cinéma français – a savoir Henri Decoin, Henri Diamant Berger et Henri George Clouzot –  Le Chanteur inconnu est un film faire valoir destiné à mettre en avant les talents vocaux de Lucien Moratore, chanteur lyrique ultra populaire de l’époque qui fut également maire du petit village de Biot dans les Alpes Maritimes.  D’où quelques vocalises de l’intéressé sur fond de valse et de tango qui parsèment plusieurs séquences du film à la grande joie de ses fans. Tous morts aujourd’hui, bien entendu.

Surjoué par une poignée de seconds rôles excentriques dont les voix pincées prouvent que le son n’était pas encore très au point en 1931, Le chanteur inconnu -  qui fit l’objet d’un remake en 1947 par André Cayatte avec Tino Rossi dans le rôle-titre -  marquait aussi les débuts dans le rôle d’une apprentie journaliste de cette féline de Simone Simon, sept ans avant qu’elle ne soit la partenaire de Jean Gabin dans la Bête humaine de Jean Renoir.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver JE TE PROMETS - THE VOW (Un drame sur l'amnésie. Une femme a un accident de voiture. Elle a tout oublié de sa vie et son mari tente de la reconquérir.) ou encore LE CHANTEUR INCONNU (Ce film de 1946 porte le même titre et raconte à peu près la même histoire. Comme la vedette est Tino Rossi, l'ambiance est plus joyeuse.).

Né à Kiev en 1891, Victor Tourjansky tourne plus d’une vingtaine de films muet dans son pays d’origine (principalement des drames nommés aussi des chansons tristes) avant d’émigrer en France après la révolution russe de 1917. En 1921, il réalise son premier film français, L’Ordonnance, d’après une nouvelle de Guy de Maupassant, considéré aujourd’hui comme perdu, mais qui lui assure immédiatement une grande notoriété sous la troisième république.   S’ensuit une longue carrière française (muette et sonore) où l’on retiendra entre autres Michel Strogoff, adaptation imposante du roman de Jules Vernes pour lequel Tourjansky bénéficie d’un budget illimité. C’est d’ailleurs suite à ce film et à son efficacité comme assistant sur le Napoléon d’Abel Gance, que Tourjansky est appelé à Hollywood ou il tourne en 1928 le film d’aventure The Adventurer.

Dans les années 30 il continue d’engranger d’autres films français comme L’Hôtel des étudiants, Les Yeux noirs, Volga en flammes et ce Chanteur inconnu mais part aussi en Allemagne ou, après avoir signé La Ville d’Anatol, film de propagande nazie, il y fait une longue carrière durant les années 40/50 avec plus d’une vingtaine de films qui, pour la plupart sont restés inédits en France.

En fin de carrière, dès 1957, il émigre en Italie ou il se spécialise dans la série B d’aventures et autres péplums avec des pellicules comme Aphrodite déesse de l’amour, La Princesse du Nil et Cléopâtre, une reine pour césar, son dernier film qu’il shoote 16 ans avant son décès en 1976.