LA VOIX HUMAINE

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C’est une obsession de trente ans qui nous vaut le retour de Pedro Almodovar derrière la caméra, dans un film court, d’une trentaine de minutes, après le très personnel et sans doute incompris Douleur et gloire. Ici, le registre change totalement.

Le réalisateur espagnol adapte librement une pièce de théâtre que Jean Cocteau a écrite en 1929, créée dès 1930 à la Comédie Française. Il s’agit d’un monologue, celui d’une femme qui sait la rupture d’avec son amoureux irrémédiable et qui ne peut s’y résoudre.

Elle a pourtant réuni ses affaires dans des valises qui attendent qu’on vienne les chercher. A l’affut de cette visite, elle erre depuis trois jours dans l’appartement vivement coloré mais qui, comme elle, a perdu son âme quand l’objet de ses tourments finit par lui téléphoner. Elle lui parle, se confie. Seuls ses mots à elle sont audibles.  Et son désespoir est immense. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA LOI DU DÉSIR DE PEDRO ALMODOVAR (Parce qu'il fait expressément référence au texte de Cocteau et qu'il s'agit là encore de ruptures amoureuses) ou encore GARÇON CHIFFON DE NICOLAS MAURY (Parce qu'il s'agit d'un homme, ici, qui n'arrive pas à se remettre d'une rupture amoureuse qu'il sait pourtant inéluctable et que c'est son désespoir qu'il filme).

La voix humaine commence par une scène à la fois cocasse et violente, fidèle à l’univers si facilement reconnaissable du maître du cinéma espagnol, Pedro Almodovar. Une nouvelle venue dans son royaume d’interprètes, Tilda Swinton (une évidence pourtant), débarque, tout de bleu vêtue, dans un magasin de bricolage pour y acheter une hache. Enigmatique, elle repart avec l’objet parfaitement emballé, son chien à ses côtés. Débute alors le récit de l’histoire qui l’a menée vers cet objet tranchant. A vrai dire, en prélude, et alors qu’elle portait une sublime robe d’infante rouge, l’actrice, seule dans un décor brut, avait déjà fait part de l’ampleur de son désespoir.

Elle lui donne corps en errant dans cet appartement richement décoré, aux aplats de couleur marqués. Du vert ou en contraste du rouge sang ornent les murs et les meubles. Mais s’agit-il d’un vrai appartement ? Elle aussi semble monochrome au gré de ses émotions : du rouge souvent, du bleu parfois puis un mélange anachronique lorsque sa décision est prise. Ce décor ressemble beaucoup à celui de Femmes au bord de la crise de nerfs, le premier grand succès international de Pedro Almodovar, et qu’on présente déjà comme librement adapté de la Voix Humaine, le texte de Jean Cocteau. Certains passages étaient à la fin de La Loi du désir, le film qui a révélé le talent et l’univers du cinéaste espagnol. 

La pièce de Jean Cocteau a d’ailleurs souvent été interprétée. Francis Poulenc en a fait un opéra quand Simone Signoret l’a jouée depuis sa chambre, allongée seule sur son lit en pleurs. La seule prise enregistrée fut la bonne et elle reste d’une émotion si vibrante qu’il fallait tout le talent et la singularité de l’actrice écossaise Tilda Swinton pour la reprendre à nouveau ici. D’autres grandes comédiennes s’y étaient frottées pourtant : Martine Chevallier, Sylvia Bergé, Nicole Dogué ou encore Sophia Loren dirigée par un de ses fils Edoardo Ponti. 

Une femme attend son mari(qui ne reviendra pas) pour qu'il vienne chercher le restant de ses affaires qui a préféré la quitter pour une autre, un soir, son mari l'appelle et s'en suit alors une conversation riche en émotions et choc. Librement adapté de la pièce écrite par ...

La Voix humaine est un drame d’enfermement qui offre, à terme, à son personnage central une porte de sortie hors du théâtre sur lequel il semblait condamné à se produire et à répéter, encore et encore, le spectacle de son agonie. Le monologue – en réalité un faux ...

Le court métrage de trente minutes La Voix humaine de Pedro Almodóvar, dont les débuts en anglais sont enivrants, s’inspire « librement » de la pièce de Jean Cocteau, mise en scène pour la première fois à Paris en 1930, à laquelle le cinéaste a fait référence en ...