LA VIE DE CHÂTEAU (VERSION RESTAURÉE)

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A quoi reconnaît-on un film de Jean-Paul Rappeneau ? Au minimum à son rythme unique dans l’univers de la comédie française. Dès son premier long métrage, La vie de château, il se concentre sur la vitesse, qu’il s’agisse des rebonds du scénario, des mouvements de caméras, du tempo des dialogues comme du jeu des comédiens.

Mais avec cette histoire d’un couple qui s’enkyste dans son quotidien avant qu’il ne soit bousculé par un parachutiste de la Résistance venu préparer le terrain pour le débarquement des Américains, il apparaît d’emblée que derrière le tempo de la comédie, il y a toujours des traces de drames.

Rappeneau voulait d’ailleurs initialement faire de La vie de château un film plus sérieux, d’autant plus dans un milieu d’années 60 ou la seconde guerre mondiale n’était pas une affaire de rigolade. Peut-être parce qu’au-delà de l’élégance du rire, le meilleur moyen d’aborder cette période singulière et finalement assez folle, restait de rappeler qu’une telle situation dramatique ne peut que friser l’absurde, déraper vers quelque chose d’incontrôlable.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CLÉRAMBARD (Philippe Noiret de nouveau châtelain dans ce film d'Yves Robert) ou encore LA GRANDE VADROUILLE (Une autre comédie sur fond de seconde guerre mondiale).

En 1960, Jean-Paul Rappeneau vient de signer Chronique provinciale, un court métrage, mais il est surtout scénariste. Il travaille entre autres avec Louis Malle sur Zazie dans le métro. Malle, enchanté de cette collaboration, lui demande de réfléchir à d’autres projets en commun. Au gré de ses recherches, il tombe sur un château en Bretagne, qui lui inspire l’idée d’un couple dont la femme ne rêve que de rejoindre l’excitation parisienne mais le mari n’aspire qu’à vivre paisiblement en province.

Le contexte du débarquement s'inspirera des souvenirs d’enfance de Rappeneau, quand des officiers allemands occupaient une chambre chez lui, y faisant planer une atmosphère d’autant plus pesante que certains membres de sa famille ont été déportés quand d’autres ont pu passer en Angleterre. L’incompréhension d’un enfant de cette période particulière marquera d’ailleurs beaucoup le cinéma de Rappeneau, où il est souvent question d’absences ou de fuites. Le principe d’une comédie sur fond de guerre rebutera cependant plusieurs  producteurs. Le scénario coécrit avec Alain Cavalier connaîtra de nouvelles versions en collaboration avec Claude Sautet, avant de trouver sa forme définitive.

Rappeneau pense pour le casting réunir Louis Jourdan et Françoise Dorléac. Le premier, parti aux USA, n’est plus en grâce auprès des financiers français, la seconde ne peut se libérer d’un agenda de tournages déjà très chargé. Rappeneau se rabat alors sur Philippe Noiret qu’il a cotoyé sur Zazie dans le métro tandis qu’une de ses coproductrices lui propose de rencontrer Catherine Deneuve, la sœur de Dorléac, révélée par Les parapluies de Cherbourg. Son aplomb et son phrasé très rapide iront à merveille au ton que veut donner le réalisateur à son film. Reconnu depuis comme un modèle de comédie, La vie de château, ne connaîtra qu’un succès mitigé à sa sortie, éclipsé par le triomphe d’une autre comédie sur fond de débarquement, La grande vadrouille. Celle que propose le film merveilleusement effréné de Rappeneau n’en est pas moins pétillante.

Dans sa dimension comique (voire franchement loufoque) qui évolue au sein d'un contexte historique pourtant assez peu propice au genre, à savoir l'occupation allemande, La Vie de château peut faire penser à des classiques comme Jeux dangereux de Lubitsch sorti plus de 20 ans ...

Pour son premier film, Jean-Paul Rappeneau marque déjà le ton en imposant un rythme effréné dont il sera un maitre en la matière. C'est l'histoire d'une femme qui, par la lâcheté de son mari, va le révéler à lui-même et lui prouver qu'il tient encore à elle et non à ...

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