LA TRÊVE

en VOD

Dernier film du grand cinéaste italien Francesco Rosi, à qui l’on doit notamment Main basse sur la ville, L’affaire Mattei ou Lucky Luciano, La trêve relate une histoire vraie. Celle du chimiste et écrivain Primo Levi, rendu célèbre par son livre Si c’est un homme.

Le long métrage est une adaptation d’un de ses autres livres, La Tregua. Sorti en 1963, sous le pseudonyme de Damanio Malabaila, le livre qui commence par un poème, raconte comment, à la libération d’Auschwitz, un groupe d'Italiens rescapés entame une marche de plusieurs mois accompagnés par l’Armée rouge pour rejoindre rejoindre leur terre natale.

Héros et traîtres, paysans et voleurs, savants et nomades se retrouvent pêle-mêle dans une réjouissante pagaille : autant d'hommes qui redécouvrent, émerveillés, la vie, le monde, la forêt, les filles, sans oublier l'art du trafic pour subsister. Primo Levi se met en scène dans ce retour à l’existence incarné ici par John Turturro, acteur croisé notamment dans The Big Lebowski. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES CHEMINS DE LA LIBERTÉ DE PETER WEIR (Il s'agit là aussi du chemin retour de prisonniers, cette fois enfouis du goulag) ou encore LE VOYAGE DE PRIMO LEVI DE DAVIDE FERRARIO (Un documentaire qui revient sur le trajet de Primo Levi à la sortie des camps de concentration).

Il est déjà bien de se pencher sur le héros et l’auteur de La Trêve, Primo Levi. Juif de naissance, chimiste de profession et de vocation, il est entré en résistance lors de la Seconde guerre mondiale mais a été déporté à Auschwitz en 1944. Il entre tardivement dans une carrière d'écrivain orientée par l'analyse scientifique de cette expérience de survivant de la Shoah, dans le but de montrer, retranscrire, transmettre, expliciter cette terrible par de sa vie et de celle de tant d’autres. De cette tentative de mettre de sens dans l’innommable, il sort ce qui est considéré comme l’une des plus grandes oeuvres sur le sujet Si c’est un homme, retraçant son emprisonnement.

Si ce roman est la pièce majeure de l’oeuvre de l’oeuvre Primo Levi, La trêve n’en est pas moins une pierre centrale. Il d’ailleurs est intéressant de noter que ce dernier ne fut pas écrit d'un bloc par l’écrivain. Ainsi, les deux premiers chapitres de l'œuvre « Le dégel » et « Le camp principal » ont été écrits en 1947-1948, peu de temps après son retour en Italie. Il ne reprend ensuite l'écriture que 13 ans plus tard, en 1961, pour que le roman soit finalement publié en 1963. La poésie intitulée La Trêve, qui ouvre le roman et lui donne son nom, fut quant à elle écrite le 11 janvier 1946. Le livre couvre la vie de Primo Levi du 27 janvier 1945, date de l'arrivée des Soviétiques au camp d'Auschwitz jusqu'au 19 octobre 1945, 9 mois plus tard, date de son retour chez lui dans la ville italienne de Turin.

C’est ce parcours à la fois étonnant, rempli d’humanité, plein d’espoir et bouleversé par l’horreur que le cinéaste Francesco Rosi a mis en scène dans ce qui est le dernier long métrage de sa carrière. Un dernier élan, un dernier cri de guerre pour ce réalisateur italien particulièrement engagé aux oeuvres connues pour leur portée politique. La Trêve sort huit ans après Oublier Palerme et signe là une certaine du geste du cinéaste connu notamment pour avoir élaboré les normes du « film-dossier », superposant une fiction et des images d’archives.