LA PLACE D'UNE AUTRE

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Librement adapté du roman de Wilkie Collins, The New Magdalen, La place d’une autre est le 3e long métrage solo de la cinéaste Aurélie Georges après L’homme qui marche et La fille et le fleuve. Une oeuvre sur l’usurpation d’identité en plein coeur de la Première Guerre Mondiale. 

Le film suit Nélie qui a échappé à une existence misérable en devenant infirmière auxiliaire sur le front en 1914. Un jour, elle prend l’identité de Rose, une jeune femme qu’elle a vue mourir sous ses yeux, et promise à un meilleur avenir. Nélie se présente à sa place chez une riche veuve, Eléonore, dont elle devient la lectrice. Le mensonge fonctionne au-delà de ses espérances. Mais les revenants n’ont pas dit leurs derniers mots. 

Pour ce presque huis-clos en province, la réalisatrice à Aurélie Georges a fait appel à un trio d’actrices impressionnant composé de Lyna Khoudri, vue notamment dans The French Dispatch et Papicha, Maud Wyler, vu dans Perdrix, et Sabine Azéma qu’on ne présente plus. Une ambiance thriller au féminin où le suspense se distille toujours un peu plus.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE RETOUR DE MARTIN GUERRE DE DANIEL VIGNE (Dans une époque plus lointaine mais tout aussi incertaine, une éventuelle usurpation provoque également l'émoi.) ou encore PSYCHOSE D'ALFRED HITCHCOCK (L'ambiance est différente mais les conséquences sont, elles aussi, dramatiques... Un des meilleurs films du patrimoine mondial !).

La Place d'une autre est librement adapté de The New Magdalen de Wilkie Collins, un auteur britannique du XIXe siècle, contemporain de Charles Dickens, célèbre pour avoir écrit des "romans à sensation", précurseurs du roman policier et à suspense. Un genre de roman plein de rebondissements et de cliffhangers, sorte de feuilleton littéraire dont on prend plaisir à tourner les pages, entrainé par le suspense. Selon Aurélia Georges, « avec ma co-scénariste Maud Ameline, nous avons voulu conserver ce suspense et cette tension. Je voulais du romanesque. » Et c’est chose faite notamment en plaçant son intrigue lors de la Première Guerre Mondiale en plein coeur d’une maison bourgeoise de province. 

Ce roman a particulièrement attiré l’attention de la réalisatrice par sa modernité. Elle avait d’ailleurs même pensé à en faire une adaptation très contemporaine, se déroulant à notre époque. Mais selon cette dernière, à l’heure des réseaux sociaux et d’internet, la question de l’usurpation d’identité aurait été bien trop complexifiée et aurait éventuellement détourné l’attention du message social que le film porte. C’est ainsi qu’elle a eu l’idée de placer le récit dans une période de la Première guerre mondiale, un moment de conflit, de doute et propice aux choix radicaux. Un film en costumes qui parlerait de notre temps, donc. 

Pour jouer les deux Rose, la fausse et la vraie, la réalisatrice s’est entourée d’un casting de choix, deux comédiennes parmi les plus prometteuses et importantes de leur génération. Lyna Khoudri en premier, repérée dans le Papicha de Mounia Meddour, qui a fasciné la cinéaste par sa capacité à faire surgir l’émotion mais aussi par son impassibilité, attirant un spectateur qui cherche à la déchiffrer. En face, Maud Wyler, vue notamment dans Perdrix d’Erwan Le Duc, capable à la fois d’endosser la carrure bourgeoise et de plus en plus agressive de la vraie Rose tout en sachant venir titiller notre empathie à son égard. Les deux comédiennes sous la coupe d’une Sabine Azéma, toujours aussi impeccable.

Le récit va nous plonger dans la France de la Première Guerre mondiale. Une époque qui va se prêter à une ambiance très froide. À travers quelques dialogues, on sent le poids du conflit. Celui-ci aura d’ailleurs un rôle majeur pour faire basculer l’histoire et enfin ...

Ce film a été un assez gros choc moral premièrement, et m'a beaucoup touché dans la relation qu'entretiennent les personnages. Je vais pas vous cacher que cette mise en scène sobre et représentative, qui laisse faire les dialogues et mise plutôt sur les visages et ...

Les films sur l’usurpation d’identité sont presque un sous-genre en soi. Qu’ils soient étrangers (« Bienvenue à Gattaca », « Volte-face », le multi-primé « Parasite », ...) ou français (« Le retour de Martin Guerre », « Plein soleil », « A l’origine », ...