LA NAISSANCE DE NARCISSE

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« Vous êtes un putain de mégalo ! », lance au début du film, le professeur qui chapeaute les travaux de David Klein. La formule résume la personnalité du jeune chercheur en physique quantique, persuadé de pouvoir changer le cours de l’Histoire. Et pour avancer plus vite dans ses travaux, le physicien n’envisage qu’un seul collaborateur : lui-même ou plutôt son clone, Jeremy.

Mais cette copie de lui-même va se révéler d’un tempérament différent. Alors que David consacre tout son temps à travailler Jeremy se sent attiré par le monde de la nuit, multiplie les sorties, s’ouvre aux rencontres… Quand « je » devient un autre : tel est le propos développé par ce scénario qui revisite le thème du double.

Situé dans un futur indéterminé, La Naissance de Narcisse est signé Hugo Parthonnaud, un jeune réalisateur qui n’avait que 29 ans au moment du tournage. Si le film relève de l’anticipation, ce récit en huis clos avec ses décors dépouillés, ses intérieurs épurés penche tout autant vers le thriller psychologique et questionne la notion d’identité.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver A L'AUBE DU SIXIÈME JOUR (Un homme se retrouve confronté à son propre clone.) ou encore PI (La destinée d'un mathématicien surdoué obsédé par ses recherches sur la suite des décimales du nombre pi).

Un plan du héros avançant à l’intérieur d’une passerelle cylindrique vitrée évoque immanquablement Ethan Hawke dans Bienvenue à Gattaca, d’Andrew Niccol, réflexion sur la question de l’eugénisme. Mais le scénario d’Hugo Parthonnaud développe avant tout une variation sur le mythe de Narcisse, particulièrement adapté pour une production modeste puisqu’il est centré sur un seul personnage. Et pour différencier David de son clone, le comédien Sergeï Philippenko a joué sur sa voix. Celle de David est plus grave, plus affirmée que celle de Jeremy qui se fait plus suave. Un corps identique deux personnalités différentes : schizophrénie ou dédoublement réel ? Les relations ambivalentes entre les deux facettes du personnage sont en tous cas au coeur des préoccupations du metteur en scène.

Hugo Parthonnaud a le cinéma dans le sang. Le metteur en scène, né en 1987, se souvient qu’à six ans il voulait être acteur mais il a aussi très vite désiré être réalisateur… Dès l’âge de 10 ans, il s’est mis à tourner des petits films avec le camescope de son père. Et comme il n’était pas question de montage, ces histoires étaient filmées en continu. En autodidacte, l’adolescent met ainsi en boîte une bonne dizaine de courts métrages. Fasciné par le cinéma américain et des cinéastes comme Woody Allen ou Stanley Kubrick, il choisit d’aller à Los Angeles pour suivre une formation de comédien. Mais il ne renonce pas à son désir de réaliser et signe d’autres courts métrages.

La Naissance de Narcisse a été produit dans des conditions assez artisanales. Le nom de la société de production, August Twenty Four Films, correspond d’ailleurs à la date de naissance du metteur en scène. Le budget du film est inférieur à 10 000 euros (à peine celui d’un court métrage) et les prises de vues ont été assurées par une équipe extrêmement réduite comptant moins de dix personnes. Véritable homme-orchestre, Hugo Parthonnaud cumule les fonctions de scénariste, producteur, réalisateur et monteur, son frère Sacha se chargeant du cadre et de la lumière. Le tournage a été bouclé en deux semaines, une durée record pour un long métrage !

Le film est plutôt pas mal du tout. Il y a quelques défauts dans le jeu de certains personnages et quelques lourdeurs dans les dialogues (qui peuvent parfois être excusés par la personnalité des personnages). Le tout est contrebalancé par quelques fulgurances. L'acteur principal ...