LA MANDRAGORE

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A Florence au XVIème siècle, Callimaco, un habile séducteur qui a fait ses classes en France, ne rêve que de conquérir la belle et très pieuse Lucrezia. Mais, elle est mariée à un juriste puissant et benêt, Nicia, qui n’arrive à comprendre pourquoi sa femme ne tombe pas enceinte. 

La pauvre femme subit ainsi tout un tas de traitement plus barbares les uns que les autres dans le but de doper sa fertilité. Nicia ne lésine pas sur les dépenses pour enfin avoir un héritier. Callimaco y voit le moyen de s’approcher de l’inatteignable Lucrezia. 

Grâce à un intermédiaire un peu véreux, Callimaco envisage de se faire passer pour le médecin qui administrera à la belle de la mandragore, une plante fertilisante. Et comme l’herbacée magique tue l’homme au cours du rapport sexuel qui suit son absorption, il propose à Nicia de se dévouer afin que le juriste ait la vie sauve.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE PIGEON (Parce que c'est l'oeuvre fondatrice de la comédie italienne, avec elle aussi un scénario sophistiqué) ou encore LE BIGAME (Une autre comédie italienne qui s'amuse des sacro-saints liens du mariage).

La Mandragore date de 1965 et préfigure déjà la fin de la période bénie de la comédie italienne. Cette co-production franco-italienne n’est pas une pure représentante de ce mouvement de cinéma mais elle peut s’y ranger sous bien des aspects : la légèreté, la roublardise, les rapports homme-femme, l’adultère, la faiblesse du mari, les arrangements avec la religion, le ton… Son réalisateur, Alberto Lattuada, n’est pas non plus un cinéaste à laquelle on l’associe. Plutôt affilié, à ses débuts, au néo-réalisme, Il évolue lentement vers la comédie et se fait un nom respecté sur ses adaptations littéraires. 

La Mandragore est justement à mi-chemin. Le film est adapté d’une pièce de théâtre que Nicolas Machiavel a écrite en 1518 à Florence et qui préfigure la Commedia dell’arte. Cette farce burlesque connut alors un tel succès que le pape la fit venir à Rome et que Jean de Lafontaine s’en inspira pour un de ses Contes et nouvelles. Elle sera d’ailleurs à nouveau adaptée au cinéma en 1972 par Philippe Arnal avec Claude Jade dans le rôle de Lucrezia. La version de Lattuada est plus italienne que française dans l’esprit comme dans le choix des interprètes. 

C’est la belle Rosanna Schiaffino (L’enlèvement des Sabines, Les garçons, le Miracle des loups) qui interprète Lucrezia, ici. Elle navigue entre Romollo Valli (Le Guépard, Le jardin des Finzi-Contini, Mort à Venise…) qui joue Nicia, le célèbre comique napolitain Toto qui se retrouve ici en prêtre peu scrupuleux avec la morale… A leurs côtés, Jean-Claude Brialy interprète un parfait profiteur, fourbe à souhait et aux stratagèmes sophistiqués tandis que Philippe Leroy, acteur prolifique aux près de 200 rôles, joue avec classe et grâce un physique fort avantageux un superbe séducteur, déterminé à conquérir sa proie. Les scènes inaugurale et finale ne sont plus au goût du jour, mais Lattuada avait aussi la réputation d’aimer filmer la chair, sans retenue.