LA COMMUNION

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Inspiré d’un fait divers réel, La communion traite d’une pratique qui n’est pas isolée en Pologne, et qui consiste à se faire passer pour un prêtre. Le cinéaste Jan Komasa s’en sert pour élaborer un conte moral contemporain qui questionne la nature de la foi, le deuil et le sens de la communauté.

Le film est centré sur un jeune délinquant, Daniel, qui sort d’une maison de redressement pour être placé dans une scierie. Au hasard d’un rencontre, il se fait passer pour un prêtre et de fil en aiguille, ce mensonge l’engage dans une série de situations irréversibles. Ses nouveaux paroissiens l’apprécient, mais le passé de la communauté refait surface et oblige Daniel à prendre position.

Avec lucidité, le cinéaste Jan Komasa évite les pièges de la comédie cynique pour dresser un portrait ambigu et désabusé d’une Pologne qui a besoin d’un imposteur pour connaître la paix et révéler la corruption des institutions politiques et religieuses. Dans le rôle principal, Bartosz Bielenia manifeste une passion, une intensité et une jeunesse totalement convaincantes.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver UN ILLUSTRE INCONNU (Un homme qui rêve de changer de vie observe les gens et les imite jusqu'à se faire passer pour qui il n'est pas.) ou encore UN HÉROS TRÈS DISCRET (Un mythomane qui n'a pas fait la guerre se fait passer pour un héros.).

La communion s’inspire de l’histoire vraie d’un jeune Polonais de 19 ans qui s’est fait passer pour un prêtre pendant trois mois, célébrant des mariages et des baptêmes avec un succès qui lui a valu la préférence des paroissiens. Ce genre d’incidents n’est pas rare en Pologne, et ils sont souvent provoqués par des gens qui cherchent à échapper à la justice. Le cinéaste Jan Komasa et le scénariste Mateusz Pacewicz se sont servi de ces faits et les ont enrichis d’éléments fictifs comme le centre de détention et la tragédie qui a frappé le village.

Selon les règlements de l’Eglise, un meurtrier ne peut pas devenir prêtre. Il peut cependant tenter sa chance et demander personnellement l’absolution du pape au Vatican, mais la requête est rare et a peu de chance d’aboutir. Pour autant, comme l’explique le réalisateur, un criminel peut devenir moine, et n’a pas besoin de produire un casier judiciaire vierge.

Pour jouer le rôle du délinquant qui se fait passer pour un prêtre, Jan Komasa a fait appel à Bartosz Bielenia, un comédien jeune mais déjà expérimenté. Le réalisateur a apprécié son intelligence et sa culture très vaste. Bouddhiste pratiquant, il a une vie spirituelle intense. Pour se préparer au rôle, il s’est documenté en profondeur sur la religion catholique, lisant notamment les encycliques des papes Jean-Paul II et François.

Pour donner l’impression que ses personnages étaient enfermés, le réalisateur a créé une atmosphère oppressante et brutale en privilégiant les plans fixes et en utilisant le cadre comme une prison aux murs inamovibles. Il s’est cependant laissé la liberté de faire deux exceptions à cette règle, dans les séquences d’ouverture et de fermeture, où le tournage caméra à l’épaule crée une rupture, un contrepoint. Autrement dit, lorsque le décor est mouvant, la caméra est fixe, mais lorsque le décor se fige, la caméra devient mobile. La majeure partie de La communion a été tournée dans un village du Sud-Est de la Pologne, et les scènes de prison dans une école de Varsovie.

Bien farceur peut être le destin. Nous menant vers des voies parfois insoupçonnées, il peut mener à de véritables révélations. Le destin n’a certes pas réservé à La Communion l’obtention de l’Oscar du meilleur film étranger, qui n’a pas échappé à l’hégémonie ...

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