LA BEAUTÉ DU GESTE

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Seule et sourde, enfermée dans son silence, une jeune japonaise entre sur le ring comme on entre en religion. C’est avec les poings qu’elle va parler et, enfin, on va pouvoir l’entendre.

« La beauté du geste » est un film nippon de 2023, réalisé par Shô Miyake, qui par son sujet féminin et handicapé, a fait le tour du monde. C’est surtout un film, comme son titre français l’indique, qui formule l’idée que par l’exercice du geste parfait on définit l’ordre de son monde.

Un concept qui sent bon le taoïsme à la mode japonaise, celui des arts martiaux et de l’art floral. La jeune actrice Yukino Kishii est un délicieux réceptacle pour cette vision poético-philosophique qui vise à se donner la paix intérieure en écrivant sur le monde. Gagner oui mais gagner contre soi.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MILLION DOLLAR BABY DE CLINT EASTWOOD (2005) (On pense à une autre femme sur le ring qui y met toute sa peau et la laissera peut-être dans le magnifique film du grand Clint. On pense à Hilary Swank qui raflera un oscar de la meilleure actrice alors que personne ne croyait à ce film. Boxe, boxe, boxe et tu gagneras ta dignité.) ou encore LES ÉTERNELS DE CHLOE ZHAO (2021) (Chez Marvel, politique communautariste oblige, on convoque les super héros fédérateur des minorités. Dans la fine équipe des Eternels, dont le métier est de sauver le monde et la galaxie, on trouve Makkari qui va très vite mais est sourde comme un pot. Comme d'ailleurs l'actrice qui l'incarne, Lauren Ridloff.).

Et d’abord le titre : la traduction du titre original est « Keiko ouvre les yeux ». On rappellera une des répliques du film « elle a des yeux de lynx » et, du coup, elle voit avec les poings. On se souviendra que dans le manga et la culture Marvel (qui sont concomitants) nombre de super-héros sont des handicapés (Daredevil ou Zaitochi pour ne citer que les plus emblématiques). Aveugles ou sourds il leur est donné une autre « vision » de la réalité.

Certes « La beauté du geste » est un film réaliste, mais il est empreint d’une culture de la conquête de soi comme but ultime. Pour Shô Miyake le réalisateur peut importe la victoire seul compte le combat. A l’origine du film il y a un livre qui relate une histoire vraie. L’histoire de la boxeuse Keiko Ogasawara, première femme sourde a devenir pro en boxe au Japon. Le cinéaste peu connu en europe et surtout documentariste, décide d’en faire une fiction.

Il va pratiquer la boxe pour comprendre l’impact, le mouvement, la sueur. Et au tournage, imposer une discipline. Tourner peu pour respecter l’énergie et la santé des acteurs, garder la vérité des prises, et gagner du temps. Pour cela, et pour des raisons esthétiques, Miyake a tourné en 16 mm. La pellicule est exigeante et impose la concentration. Evidemment Yukino Kiishi a fait son training mais en compagnie du cinéaste, et n’étant pas mal-entendante elle-même a du apprendre le langage des signes. Dire et combattre. Le cinéma comme un rituel. Le cinéma EST un rituel.

La Beauté du geste est une véritable exploration du déterminisme à travers le prisme du magnifique parcours de vie inspirant de la boxeuse Keiko Ogasawara. En luttant contre les limites imposées par son handicap, Keiko embrasse la puissance libératrice de la boxe, transformant ...

Porteur du titre international de Small, slow but steady (Petite, lente mais constante), La beauté du geste s'inspire de l’autobiographie de Keiko Ogasawara, première femme malentendante à obtenir une licence professionnelle de boxe au Japon. Le sixième long-métrage ...

Supervisée par Monsieur Sasaki, son mentor et protecteur le plus dévoué, Keiko fuit son véritable ring : un quotidien sans saveur, où son handicap est source d’isolement, loin de l'appartement fonctionnel qu'elle partage avec son frère dont elle n’est pas particulièrement ...