L'ONCLE CHARLES

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Depuis ses débuts dans le spot publicitaire, Etienne Chatiliez a toujours voulu et su conserver son ton. Devenu cinéaste, ses films ont donc généralement été acides, caustiques et politiquement incorrects ! L’oncle Charles n’échappe pas à la règle. Vous allez débarquer en Nouvelle-Zélande et découvrir la pauvre vie de Charles, ancienne gloire du rugby, aujourd’hui malade et qui, au crépuscule de son existence, décide de partir à la recherche de sa famille, oubliée dans un petit coin de France. Mélo dites-vous ? Oui mais non, car Chatiliez veille au grain et va distiller un peu de bile dans son histoire...

Une notaire peu scrupuleuse va créer de toute pièce la famille manquante et tenter de profiter des millions de ce tonton des antipodes avant qu’il ne claque... pardon, c’est contagieux : avant qu’il ne meure ! 

Eddy Mitchell, Valérie Bonneton ou Alexandra Lamy forment le trio gagnant de film qui fleure bon la méchanceté mais garde tout au fond de lui ce petit soupçon d’humanité qui en fait un excellent spectacle familial...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver UNE FAUSSE FAMILLE (S'inventer des enfants, une femme ou une petite amie pour ne pas s'investir dans une relation ou toucher un héritage. Scénario digne d'un vaudeville qui produit toujours son effet comique. Mitchell-Bonneton d'un côté, Sandler-Aniston de l'autre...) ou encore HOMMES FEMMES MODE D'EMPLOI (Apprendre qu'on est atteint d'un mal incurable change souvent l'ordre des priorités...Chez Claude Lelouch, Fabrice Luchini se découvre soudain une âme d'altruiste. Chez Chatiliez, Eddy Mitchell veut partir en paix avec son passé. Les erreurs de diagnostic viendront bouleverser ces bonnes résolutions...).

On n’avait plus croisé Eddy Mitchell sur la pellicule d’Etienne Chatiliez dans Le bonheur est dans le pré...Cette escapade gourmande et cruelle dans le Gers avait à l’époque fait hurler de rire près de 5 millions de Français. Le tandem s’est donc reconstitué pour cet Oncle Charles qui déroule à nouveau le fil d’une thématique chère au réalisateur : la famille et ses travers...  La vie est un long fleuve tranquille, Tanguy, Tatie Danièle: à chaque fois ou presque, il va fouiller dans les placards des fratries ou des relations parents-enfants pour exhumer les mauvais sentiments ou les mensonges qui font mouche.

Mais comme il faut bien une morale à toute histoire, celle que vous venez de voir, se termine sur une note plus cruelle et ne sauve que les cœurs purs, même s’ils sont rares ! M. Eddy  rempile donc  avec un des metteurs en scène qui l’ont le mieux servi sur grand écran. Si l’heure de la fin des tournées à sonné pour Schmoll en 2012, ce n’est pas encore celle de la dernière séance. Le chanteur s’est mis entre parenthèses pour mieux laisser la place à un comédien qui a toujours sur trouver sa place en étant crédible. Coup de torchon de Tavernier, A mort l’arbitre de Mocky et donc Le bonheur est dans le pré qui lui vaudra même la reconnaissance du métier après celle du public avec un César du second rôle en 1996.

Pour lui mitonner ce personnage de milliardaire au cœur tendre, Chatiliez a pu compter sur celle qui est sa fidèle scénariste depuis longtemps : Florence Quentin. Comme son camarade, elle cultive cet œil acéré sur les travers et les mesquineries de notre société pour inventer des personnages forts qui nous hérissent autant qu’ils nous touchent parce qu’ils nous ressemblent ! Florence Quentin a d’ailleurs tenté d’appliquer cette recette à ses propres films, rencontrant il est vrai moins de succès avec J’ai faim, Olé ! ou Leur morale et la nôtre...