L'OMBRE DE GOYA

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Ce film c’est l’histoire d’un amour. Et celui que nourrissait Jean-Claude Carrière pour l’Espagne était infini. Considéré comme l’un des plus grands scénaristes français de tous les temps, collaborateur entre autres de Luis Buñuel vingt ans durant (Belle de Jour, Cet Obscur objet du désir, etc.) Carrière est notre guide au long de ce voyage fascinant de l’autre côté des Pyrénées sur les traces de Francisco de Goya (1746-1828), porté par l’idée d’éclairer les mystères qui entourent aujourd’hui encore l’œuvre du grand peintre. 

Ce voyage passe par Madrid, Saragosse, Bordeaux (où Goya mourut) mais nous conduit tout d’abord au village natal de Goya, Fuendetodos, au cœur de l’Aragon, région dont Buñuel était lui aussi originaire, ce qui était tout sauf anodin pour Carrière qui voyait en chacun “un conteur d’histoires”. On apprendra ainsi que le grand Luis garda toute sa vie dans ses tiroirs un scénario sur la vie peintre, mais jugé trop illustratif pour mériter d’être porté à l’écran.

La caméra de José Luis López-Linares, réalisateur du film - chef opérateur de Carlos Saura, mais aussi d’Alain Tanner, Fernando Trueba ou Victor Erice - se fait pinceau avec beaucoup de délicatesse au fil de ce trip en “Terre peinte”. Entre deux étapes, il a convié des connaisseurs de l’oeuvre goyesque à s’exprimer, mais aussi des proches de Carrière, comme le réalisateur Julian Schnabel, ou encore Nahal Tajadod, femme de lettres et dernière compagne du scénariste. Tous ces témoignages contribuent à faire le portrait en miroir de deux grands hommes : un peintre à la renommée universelle et l’auteur-scénariste au savoir encyclopédique, qui fut son plus illustre ambassadeur. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE MYSTÈRE PICASSO (Henri-Georges Clouzot avait eu le génie de nous faire entrer dans la tête de son ami Pablo Picasso avec ce documentaire hypnotique.) ou encore LES FANTÔMES DE GOYA (2006) (Milos Forman y confiait le rôle du grand peintre à Stellan Skarsgård pour un voyage fascinant dans les méandres de la création artistique.).

José Luis López-Linares (Madrid, 1955) n’en est pas à son coup d’essai en matière de documentaire d’art. En 2016 il avait réalisé Le Mystère Jérôme Bosch avec un succès public rare pour ce genre de sujet. Près de 75 000 entrées, lors de sa sortie française. C’est tout naturellement qu’il a demandé à Carlos Saura de se joindre aux intervenants de son film, dont il est aussi le coproducteur. Saura s’était déjà intéressé à la carrière du peintre en 1999, avec le film Goya en Burdeos où Francisco Rabal incarnait l’artiste durant son exil français. 

A la naissance du projet, Jean-Claude Carrière était en pleine écriture de scénario et déclinait l’invitation. Ensuite, il suggérait l’idée d’en être au moins le narrateur, avant de finalement accepter de faire le voyage, sans savoir qu’il serait son dernier. Sa disparition au cours des prises de vue, dans sa quatre-vingt-dixième année ajoute à l’émotion qu’on éprouve en l’écoutant parler d’art avec la précision de l’érudit, en l’entendant parfois s’adresser directement à Goya dont la solitude l’impressionnait. “Plus seul Goya encore quand il aura perdu l’ouïe, quand il se contentera d’un spectacle dont il ne peut plus entendre le bruit, mais qu’il regarde comme personne d’autre. Il voit même l’avenir, poursuit le scénariste : il voit des hommes qui volent, d’autres qui se métamorphosent…” 

Où j'entends par "imagination" la faculté de produire des images. La peinture quoi. J’ai trois remarques à faire sur ce documentaire. Deux pour la tête, une pour le cœur. La première c’est une idée de Jean-Claude Carrière qui m’a frappé par sa justesse ...

Une fois n'est pas coutume mais aujourd'hui, je me propose de commenter le documentaire que j'ai vu au cinéma cet après-midi sur la peinture de Goya.C'est pour moi une découverte car j'avoue que je connaissais très peu de choses sur l'œuvre de Goya ...

Critique écrite dans le cadre du blog Cannes Classics animé pour l'édition 2022 Le film testament de celui qu’on peut aisément qualifier de plus grand scénariste français de tout temps s’autodéfinit comme une œuvre intermédiatique en combinaison de tous les talents ...