L'OEIL DU TIGRE

en VOD

Au-delà de la référence au troisième volet de la saga Rocky et à sa fameuse chanson interprétée par Survivor, l’expression « L’oeil du tigre » renvoie dans l’univers des arts martiaux à une lueur dans le regard qui serait la marque des authentiques guerriers. Le signe de la puissance et de l’audace.

Les yeux de Laurence Dubois, personnage central de ce premier long-métrage de Raphaël Pfeiffer, eux, sont plongés dans l’obscurité totale. Mais si Laurence a perdu la vue, elle a gardé en elle une énergie, une détermination, une combativité digne des tigres les plus vaillants.

Epouse d’un agriculteur de Mayenne et mère de famille attentionnée, Laurence, qui a toujours été passionnée par les sports de combat, pratique elle-même à haut niveau le viet vo dao, un art martial vietnamien.  Sa force de caractère et sa joie de vivre sont les moteurs de ce documentaire qui invite à l’immersion dans le quotidien d’une femme attachante qui ne se lasse pas du tube de David Guetta « Titanium », qui affirme : « je suis en titane ».

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA NUIT QU'ON SUPPOSE (Portrait de quatre personnes nées voyantes avant de perdre la vue et qui exercent des activités créatives.) ou encore ROCKY III - L'OEIL DU TIGRE (1982) (Le titre du film "L'Oeil du tigre" est un clin d'oeil à celui de Sylvester Stallone).

Raphaël Pfeiffer avait jusqu’ici réalisé des clips, des oeuvres expérimentales… Admiratif de la démarche du grand documentariste américain Frederick Wiseman qui multiplie les prises de vue longues et accumule des séquences dans la durée, le jeune réalisateur a voulu appliquer cette approche pour son portrait de Laurence Dubois.  L’idée était de la filmer jusqu’à ce qu’elle oublie sa présence. Mais il s’est rapidement rendu compte que, loin d’oublier la caméra, les personnes filmées l’utilisent. « Laurence étant quelqu’un de très émotif, elle a profité de cette estrade pour faire passer un message puissant, explique-t-il. Finalement, c’est parce qu’elle était comme sur une scène qu’on a pu capter toute sa justesse ».

Même si la passion de Laurence pour le viet vo dao représente un aspect important de L’Oeil du tigre, Raphaël Pfeiffer considère que son documentaire « n’est ni un film sur le handicap, ni un film sur le sport » Pour lui, « c’est un film sur une femme exceptionnelle, qui a eu une vie très difficile, qui a traversé beaucoup d’épreuves et qui, parce qu’elle est rayonnante, est une source d’inspiration permanente ». Ce qui l’a particulièrement intéressé chez elle c’est son rapport à la famille. Il a aussi été très marqué par la relation de Laurence à son époux. Tout en étant une figure forte, elle n’écrase pas son mari pour autant. Le réalisateur voit d’ailleurs en Philippe un modèle de masculinité intéressant qui sort de tous les clichés machistes.

Raphaël Pfeiffer assume parfaitement le choix de n’avoir pas demandé à Laurence de donner plus de détails sur sa vie, de ne pas se raconter davantage. « Je ne voulais pas d’excuses ou d’explications, dit-il, je ne voulais pas donner de clés de compréhension, qui au fond auraient été réductrices. » Il a donc résolument opté pour l’immersion. « L’expérience du film doit se rapprocher d’une rencontre avec des amis : quand on va passer le week-end chez des gens, quand on rencontre quelqu’un, on n’a pas besoin de CV, les gens ne racontent pas forcément leur vie. » Il a abordé le tournage simplement comme un moment humain à vivre avec les gens qui le recevaient. Laurence lui a d’ailleurs dit à un moment: « Tu es comme ce petit cousin qui filme aux mariages ».