L'INNOCENT

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Quatrième long métrage de l’acteur-réalisateur Louis Garrel, L’innocent est une comédie policière d’un autre genre où l’intérêt n’est pas tant l’intrigue que les personnages, tous plus dingues et hauts en couleurs les uns que les autres. Une affaire de crime supposé qui dévoile une histoire de famille aussi rocambolesque et touchante qu’inattendue. 

Dans le film, Abel apprend que sa mère Sylvie, la soixantaine, est sur le point de se marier avec un homme en prison. Ni une, ni deux, il panique. Surtout que ce n’est pas la première fois qu’elle fait le coup. Épaulé par Clémence, sa meilleure amie, il va tout faire pour essayer de la protéger. Mais la rencontre avec Michel, son nouveau beau-père, pourrait bien offrir à Abel de nouvelles perspectives. 

Louis Garrel met en scène et se met en scène dans cette comédie au tempo enlevé, relevée par un casting brillant où se croisent Roschdy Zem dans le rôle du beau-père non désiré, Anouk Grinberg en mère très (trop?) spontanée et Noémie Merlant en meilleure amie. Cette dernière démontre ici tout son immense talent de comédie qui se verra récompensé d’un César.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA TOTALE ! DE CLAUDE ZIDI (Même sens de la comédie de l'entourloupe, mêmes personnages drolatiques et même capacité d'action) ou encore ALICE ET LE MAIRE DE NICOLAS PARISER (Les deux films ont Lyon comme décor pour une comédie aussi dramatique que charmante).

L’innocent n’aurait pas dû être le quatrième mais bien le deuxième long métrage de l’acteur passé à la réalisation, Louis Garrel, après Les deux amis. Mais il lui fallait le temps de mûrir. Entre temps, il a donc sorti L’homme fidèle et La Croisade avant d’arriver avec cette comédie enlevée et relevée autour d’un fils inquiet pour sa mère qui tombe amoureuse d’un homme qui sort de prison. S’il a commencé l’écriture seul, Louis Garrel s’est ensuite entouré de Tanguy Viel, écrivain de romans policiers existentiels qui aime s’emparer du genre pour raconter des choses intimes. Puis est arrivée Naïla Guiguet, brillante et talentueuse, avec qui il avait déjà travaillé sur La Croisade. 

Mais contrairement à L’Homme Fidèle et à La Croisade, le projet s’est fait sans Jean-Claude Carrière, parrain de cinéma de Louis Garrel, écrivain et scénariste de Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau, du Tambour de Volker Schlöndorff ou encore Belle de jour de Luis Bunuel, et décédé en 2021. Cependant, le réalisateur a eu le temps de lui faire lire son scénario sur lequel ce mentor lui a prodigué quelques conseils. Mais cette histoire ne venait pas de nulle part pour Garrel, elle lui est même très personnelle puisque c’est sa mère, Brigitte Sy, qui a fait des ateliers de théâtre en prison, et qui est tombée amoureuse, puis s’est mariée, avec un détenu. À l'inverse de son personnage dans le film, Louis Garrel, lui, s’était très bien entendu avec ce beau-père détonnant. Et il a pu, par le biais du film, s’incruster dans ce mariage auquel il n’avait pu assister quand il avait 18 ans. 

Les influences ont été nombreuses pour le cinéaste : Les Inconnus dans la Ville de Richard Fleischer et L’Ultime Razzia de Stanley Kubrick, mais aussi Marivaux. En effet, il emprunte au dramaturge l’idée que le sentiment ne préexiste pas à son expression. Ce qui donne à ses personnages une spontanéité et un naturel détonnant. À cela s’ajoute une bande originale composée notamment de Pour le plaisir d’Herbert Léonard, Nuit magique de Catherine Lara et Une autre histoire de Gérard Blanc qui ont en commun avec L’innocent ce sens de « la variété », du populaire, et qui provoquent une adhésion immédiate.

L'Innocent a été coécrit par Louis Garrel et l'excellent romancier Tanguy Viel dont les amateurs connaissent la précision jubilatoire des livres sous forme de thrillers dont la noirceur se teinte des plaisantes couleurs d'un humour irrésistible. Ces caractéristiques ...

Louis Garrel est bien décidé à ne pas s’enfermer dans un genre : si l’on pouvait déceler des constantes entre ses deux premiers longs métrages (Les deux amis et L’Homme fidèle), explorations sentimentales dans l’héritage de la Nouvelle Vague, la très oubliable Croisade ...

Je ne m’attendais pas à ce qu’un jour Louis Garrel, un des représentants les plus marqués, volontairement ou non, du cinéma bobo parisien intra-muros, en vienne à réaliser et à jouer l’un des rôles principaux d’une comédie de braquage familiale, se déroulant qui ...