L'HARMONIE FAMILIALE

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« J’ai eu tellement de femmes et d’enfants qu’à chaque Noël, je me demande par quelle maison commencer » plaisantait le comédien américain Mickey Rooney. Fête familiale par excellence, le réveillon du 24 décembre peut dans certains cas devenir un vrai casse-tête à organiser… pour parfois finir en soirée casse-pied.

Laurence, architecte parisienne, jouée par la réalisatrice Camille de Casabianca, a, quant à elle, bien préparé les choses, même si elle a cuisiné, sans surprise, des pâtes au pistou pour la énième fois. Autour de sa table, sont réunis sa fille Victoire, étudiante, des cousins, une tante et son époux, mais aussi son ex-mari et sa nouvelle compagne, sans compter d’autres invités surprises…

Bien entendu, la soirée sera mouvementée et certains sujets de conversation vont susciter des débats passionnés. A défaut de Père Noël (pas de cadeaux cette année !) les convives auront droit à une descente de police. Pour autant, L’Harmonie familiale se démarque du registre habituel des comédies qui farcissent la dinde de répliques assassines et de coups fourrés recuits. Le ton ici est plutôt doux-amer voire « pince-sans-rire », comme dit la cinéaste. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA BÛCHE (Messes basses, confidences et révélations en famille le soir du réveillon de Noël.) ou encore L'ÉTRANGE NOËL DE MISTER JACK (L'un des plus détonants Noëls cinématographiques).

Camille de Casablanca définit L’Harmonie familiale comme une « comédie visuelle ». Cela peut surprendre à première vue car ses personnages parlent beaucoup, mais la réalisatrice explique que dans cette joyeuse tribu « on dit souvent le contraire de ce qu’on pense, on lance parfois une pique quand on voudrait dire une chose gentille. Les regards, les mimiques, les déplacements y sont essentiels. ». Ajoutons que certains éléments de mise en scène en disent souvent plus long qu’une tirade sur les contradictions ou la part d’ombre d’un personnage, comme ce surprenant placard verrouillé où la maîtresse de maison entrepose des conserves qui lui permettraient de tenir un siège…

Production à petit budget, L’Harmonie familiale a été réalisé au domicile de Camille de Casabianca et... en famille. Rien d’exceptionnel pour la réalisatrice qui avait déjà tourné chez elle Le Fabuleux Destin de Madame Petlet avec Maïté. Elle collabore à nouveau avec le directeur de la photo Patrick Blossier qui fut son compagnon à la ville et fait ici une apparition en interprétant le brocanteur. La cinéaste raconte qu’elle avait envie de « faire un film dans un décor unique, avec des acteurs que j’aimais bien et dans une grande liberté. La famille est pour moi l’endroit où l’on peut le mieux développer le goût de la réplique et du détail. »

Pour le rôle de Béatrice, Camille de Casablanca retrouve Sophie Deschamps qu’elle avait dirigée dans sa première réalisation Pékin central en 1986. L’actrice s’était éloignée des écrans pour se consacrer à l’écriture de scénarios et renoue ici avec la comédie en se livrant à une danse de l’éventail inspirée. Pour incarner Maurice, la cinéaste a choisi l’illustre avocat Georges Kiejman qui a été plusieurs fois ministre délégué, entre autres, des Affaires étrangères. Son nom a régulièrement été associé au 7e art : il a été l’avocat des Cahiers du cinéma, du cinéaste François Truffaut ou encore de Louis Malle et fut l’époux de l’actrice Marie-France Pisier dans les années 1970. Il apparaît aussi dans L’Assassin musicien de Benoît Jacquot et une poignée d’autres films.