L'AFFAIRE SK1

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SK1 est un acronyme qui signifie Serial killer numéro 1. Il faudra près de dix ans pour que ce sigle mystérieux soit remplacé par un patronyme, celui de Guy Georges, alias le Tueur de l’Est parisien, qui dans les années 90 a violé et assassiné sept jeunes femmes. Le film retrace la traque du tueur.

Le scénario est resté fidèle à la véritable affaire. Il faut dire que celle-ci n’est pas banale. Car le tueur a bénéficié, si l’on ose dire, d’une suite assez incroyable de coups de chance avant d’être appréhendé. La guerre des polices, les incohérences de l’appareil judiciaire achevant de lui donner une marge de manœuvre stupéfiante.

Mais le retentissement de l’affaire s’explique aussi par le caractère du tueur, par son charme, auquel ont succombé certains ce ceux qui auraient dû être ses plus féroces adversaires. Cela étant dit, si le film brosse son portrait, il exprime avant tout le point de vue d’un jeune flic chargé de l’enquête, et qui pour coffrer ce SK1 livre une course contre la mort.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'ÉTRANGLEUR DE BOSTON (Ce film de Fleischer retrace également la traque d'un serial killer) ou encore 36 QUAI DES ORFÈVRES (Le film raconte lui aussi commence fonctionnent les services du quai des Orfèvres.).

Le réalisateur du film, Frédéric Tellier, n’a jamais été flic, contrairement à Olivier Marchal. Il n’empêche que l’on croit autant, si ce n’est davantage, ce qu’il nous montre que le réalisateur des Lyonnais, volontiers baroque. L’Affaire SK1 en dit notamment long sur le fonctionnement des services, sur leurs rivalités, sur les moments de niaque et sur les périodes de découragement. Par moments, on oublie presque Guy George pour ne plus s’intéresser qu’aux flics de la criminelle. Un peu comme nous avaient invité à le faire Tavernier avec la brigade des stups dans L.627 ou Maïwenn avec le service de protection des mineurs dans Polisse.

Si les tueurs en série sont moins nombreux en France qu’aux Etats-Unis, leur liste ne cesse pourtant de s’allonger. Encore faut-il définir le terme. Landru, qui a occis onze femmes pendant la guerre de 14-18 l’avait fait par avidité ; Mohamed Merah, qui a assassiné des enfants juifs –entre autres- en 2012, l’a fait pour des raisons idéologiques. Reste qu’Emile Louis, Pierre Chanal, Michel Fourniret ou Patrice Alègre ont su en leur temps susciter l’horreur et la crainte. Certains ont même eu l’honneur d’un biopic : Thierry Paulin dans J’ai pas sommeil, Francis Haulme dans Dans la tête du tueur. Et même Joseph Vacher, si l’on remonte plus loin, dans Le Juge et l’Assassin.

L’affaire SK1 n’est pas le premier film de Frédéric Tellier. Qui avait auparavant signé un beau téléfilm, Les Robins des pauvres, stigmatisant la casse sociale. Ainsi que plusieurs épisodes de plusieurs séries, dont la plus marquante reste Les Hommes de l’ombre, visant à mettre en lumière les conseillers politiques lors de la présidentielle. Mais celui-ci est manifestement important dans sa jeune carrière. Le point d’impulsion avait été le viol d’une amie à lui. Mais au final, au-delà du fait-divers, raconté en se basant sur nombre de témoignages directs des protagonistes, le film parle aussi de dérive sociale, de désirs refoulés et de la difficulté d’aimer, toutes choses quant à elles largement partagées.