L'AFFAIRE MONET

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« La Promenade ou La Femme à l’ombrelle » est l’une des toiles les plus fameuses de Claude Monet. Elle a été peinte en 1875 et on y voit au premier plan Camille l’épouse de Monet qui allait mourir quatre ans plus tard d’un cancer. C’est ce chef-d’oeuvre de l’impressionnisme que Ray Cutter un brillant faussaire, interprété par John Travolta, doit reproduire pour régler une dette auprès d’un trafiquant de drogue, lequel compte remplacer l’original au musée des Beaux-Arts par cette copie.

Le faussaire n’a que peu de jours pour réaliser cet exploit mais ce compte à rebours n’est finalement rien à côté de celui qui l’obsède jour et nuit : son fils de 15 ans souffre d’une tumeur au cerveau incurable et il ne lui reste que quelques mois à vivre. Le film conjugue ainsi deux registres : le thriller d’une part et le drame, mais sans pathos, de l’autre.

L’Affaire Monet propose aussi le portrait d’une famille assez inhabituelle où le grand-père et le père ont choisi de gagner leur vie de façon illégale. C’est Christopher Plummer, le capitaine Von Trapp dans La Mélodie du bonheur, qui campe le père de Travolta, tandis que le jeune Tye Sheridan, qu’on a vu dans Tree of Life ou Mud interprète son petit-fils.  

 
Dans le même genre vous pouvez trouver FAMILY BUSINESS (Du grand-père au petit-fils : trois générations de cambrioleurs réunis par un casse.) ou encore L'ARBRE DE NOEL (Un père apprend que son fils n'a plus que quelques mois à vivre).

L’Affaire Monet est le premier long métrage que Philip Martin réalise pour le cinéma. Ce Britannique a d’abord fait carrière en tournant pour le petit écran et il a obtenu un Emmy pour la série Ssuspect N°1 avec Helen Mirren. Le film est aussi sa première expérience américaine et il a été tourné à Boston dans des conditions assez exceptionnelles puisque le Musée des Beaux Arts a accepté, au grand étonnement des producteurs, que des prises de vues puissent s’y dérouler. Ce qui n’avait jamais été accordé pour une fiction jusqu’ici. Le tournage dans le musée avait lieu de nuit, si bien que les toiles que l’on voit à l’écran sont réellement les chefs-d’oeuvre qui y sont exposés. En contrepartie, il a fallu bien sûr respecter des consignes de sécurité très strictes et présenter à l’entrée comme à la sortie un inventaire du moindre objet qui pénétrait dans les locaux.

Incarner un faussaire a été pour Travolta l’occasion de renouer avec la pratique de la peinture. Le comédien, dont le grand-père était peintre, avait trente ans plus tôt déjà tâté de l’aquarelle et commis des toiles dans le style d’Edward Hopper. Pour rendre son personnage crédible, il a été à Hong Kong suivre des cours de peinture à l’huile auprès d’un maître en la matière qui lui appris un certain nombre de techniques. Sur le tournage, un assistant lui donnait des conseils et tous les soirs l’acteur dans sa chambre d’hôtel peignait pour lui une copie du Monet. Au bout de quatre semaines de travail quotidien, Travolta a été tellement épaté par son oeuvre qu’il l’a fait encadrer pour l’accrocher chez lui.

Enfin, pour ceux qui douteraient que la popularité de Travolta, révélé en 1977 par La Fièvre du Samedi Soir, aurait faibli, une anecdote, en marge du tournage, remet les pendules à l’heure. Le comédien Travis Aaron Wade, qui joue Devlin, le flic, raconte : « J’étais avec John Travolta dans un ascenseur. La cabine s’arrête à un étage et un groupe de femmes autour de 45-50 ans le voit : d’un coup elles se mettent à hurler comme des midinettes de 13 ans et l’une d’elles s’évanouit. Très calme Travolta se laisse prendre en photos. Je signale à une des admiratrices la copine évanouie à terre, elle me répond « ah oui c’est une super fan! » et elle la tire par les pieds dans l’ascenseur. Jusqu’au rez de chaussée Travolta multiplie les selfies avec les unes et les autres. A l’arrivée, les agents de sécurité nous ont pressé de sortir et elles ont toutes suivi la star…en oubliant celle qui était toujours dans les pommes sur le sol de la cabine… »

Coup de cœur pour ce faux thriller réussissant le tour de force de nous décrire une relation père-fils dans des conditions dramatiques sans jamais sombrer dans le mélodrame ! John Travolta est excellent, Plumer ne démérite pas et le jeune Tye Sheridan nous livre une prestation ...